31 mars 2010

burqa-bla-bla

Les Français sont vraiment plus nombreux à connaître le nombre des minarets en Suisse (quatre) et de "burqas" en France (trois cent soixante-sept, d'après calcul, étrangement précis, de la direction centrale du renseignement intérieur DCRI ) qu'à savoir que le trésor public a perdu 20 milliards d'euros à la suite d'une décisions "technique" de l'exécutif.

Il y a dix-huit mois en effet, au lieu de subordonner son sauvetage des banques en perdition à une prise de participation dans leur capital, laquelle ensuite aurait pu être revendue avec un joli bénéfice, le gouvernement français a préféré leur consentir un prêt à des conditions inespérées .. pour elles. Vingt milliards d'euros de gagnés pour leurs actionnaires, c'est presque autant que le déficit de la Sécurité sociale l'an dernier (22 milliards d'euros). Et quarante fois le montant de l'économie annuelle réalisée par l'Etat lorsqu'il ne remplace qu'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux.

Le rétablissement électoral du Front Nationale, et plus généralement de l'extrême droite en Europe, n'est pas tout à fait étranger à cette distribution de l'attention publique entre la poutre des polémiques subalternes qu'on enflamme et la paille des sujets prioritaires dont on prétend qu'ils sont trop compliqués pour le commun des mortels. Le fiasco des élections régionales derrière lui, M. Nicolas Sarkozy va s'attaquer à la "réforme des retraies". L'enjeu social et financier étant considérable, on sait déjà que le gouvernement français s'emploiera à distraire la galerie en relançant le "débat sur la burqa".

Riposter à cette manœuvre n'impose certainement pas de s'enfoncer sur son terrain boueux en donnant le sentiment de défendre un symbole obscurantiste. Encore moins de taxer de racisme les féministes -hommes et femmes - qui légitimement le réprouvent. Mais comment ne pas juger cocasse qu'une droite qui a presque partout associé son destin à celui des Églises, du patriarcat et de l'ordre moral se découvre soudain éperdue de laïcité, de féminisme", de libre-pensée ? pour elle aussi, l'islam accomplit des miracles!


En 1988, M; George H.W. Bush succéda à Ronald Reagan après une campagne d'une démagogie indigne, au cours de laquelle il réclama que soit criminalisé le fait de brûler la bannière étoilée - un acte commis entre une et sept fois par an... Avec le courage qu'on imagine, plus de 90% des parlementaires américains adoptèrent une disposition répressive allant en ce sens -laquelle fut annulée par la cour suprême. Au même moment éclatait l'un des plus grands scandales de l'histoire économique des États-Unis, celui des caisses d'épargne déréglementées par le Congrès, que des aigrefins avaient pillées, enhardis par des sénateurs dont ils avaient financés les campagnes. En 1988, nul ou presque n'avait évoqué le péril d'une telle arnaque, bien qu'il fût déjà connu. Trop compliqué, et puis la défense du drapeau occupait les esprits.

Le contribuable américain a payé 500 milliards de dollars le scandale des caisses d'épargne. On découvrira bientôt ce que cache réellement la "burqa"; Et combien cela coûte.


Serge HALIMI, Le Monde Diplomatique, avril 2010.

27 mars 2010

La Guerre d’Espagne est-elle finie ?



Il y a 70 ans, le 17 juillet 1936, débutait la Guerre Civile d’Espagne qui devait durer trois ans. Cet épisode de l’Histoire n’a depuis jamais cessé de déchaîner les passions et les controverses. Nazisme, fascisme, stalinisme mais aussi Front Populaire, résistance et révolution : la Guerre D’Espagne est un condensé des affrontements idéologiques du XXème siècle. C’est aussi à bien des égards un conflit qui va chercher ses racines dans la singularité des structures de l’Espagne.


Au XIXe siècle, un mouvement révolutionnaire, mené notamment par Simon Bolivar, libère l’Amérique du Sud. L’Espagne perd son empire colonial dont elle tirait son prestige et surtout ses revenus. Au début du XXe siècle, ce pays n’est plus qu’une puissance de second plan, en retard industriellement et qui vit de l’agriculture. Il existe une énorme disparité entre les riches propriétaires fonciers et la grande foule des petits paysans : 2/3 des terres appartiennent en effet à 2% de privilégiés. Un prolétariat industriel existe aussi pour l’essentiel en Catalogne et en Asturies (Sud du pays) autour des grandes villes. Deux centrales syndicales émergent : L’UGT (Union Générale des Travailleurs) à l’idéologie socialiste et la CNT (Confédération Nationale du Travail) de tradition anarcho-syndicaliste. Durant les années 30, les inégalités s’accroissent en partie à cause de la crise économique de 1929. Des grèves et des mouvements insurrectionnels éclatent notamment en octobre 1934 dans les bassins industriels. Le gouvernement du radical Garcia Lerroux envoie les troupes du général Franco contre les mineurs des Asturies. Les manifestations sont réprimées dans le sang, (environ 2000 morts et 3000. blessés).

La rentrée de la CEDA (droite nationaliste) en 1934 dans le gouvernement ne fait qu’exacerber les tensions. L’ascension de ce parti rappelle en effet à la gauche espagnole celle de Hitler (chancelier depuis le 30 janvier 1933) et du parti Nazi en Allemagne.

Afin de barrer la route aux nationalistes partout en Europe, le 7e congrès du Komintern avance l’idée de vastes alliances allant du centre catholique aux communistes. Ce Front populaire voit le jour en Espagne et gagne les élections législatives le 16 février 1936, grâce notamment au soutient des anarchistes au second tour.

La droite nationaliste n’accepte pourtant pas sa défaite et des groupes fascistes (phalanges, JONS) perpètrent des actes terroristes contre le gouvernement. De plus, Le Front populaire, dont la politique se borne à préserver les institutions républicaines, se révèle incapable de répondre aux attentes populaires et doit faire face à des mouvements de grèves dès mai 1936.

Les incidents se multiplient dans le pays. Après l’assassinat du monarchiste Calvo Sotelo, les généraux de l’armée (Franco, Sanjurjo...) décident de renverser le pouvoir. Le 18 juillet 1936, le Golpe (putsch) débute. Le mouvement prend le contrôle de la Galice, la Vieille Castille, L’Aragon et la Navarre et installe une tête de pont au Sud du pays grâce au débarquement dans cette zone des troupes de Franco en provenance du Maroc. Le soulèvement échoue cependant dans les grandes villes et en particulier devant Madrid où les milices ouvrières et la population livrent une bataille acharnée de plusieurs mois (Novembre 36 - Mars 37).et tiennent en échec les putschistes : le célèbre no pasaran ! (ils ne passeront pas !) est né.

L’Espagne est alors coupée en deux. Dans la zone républicaine, l’autorité centrale s’est effondrée. La réalité du pouvoir est dans la rue au mains de « Comités ouvriers et paysans » qui mettent en œuvre une politique révolutionnaire. Dans les campagnes (Catalogne, Aragon), les terres sont collectivisées et on établit dans certaines zones l’égalité des salaires ou on supprime la monnaie ! A Barcelone, toute l’industrie est collectivisée ainsi que l’énergie, les transports, les communications mais aussi les hôtels, les restaurants et les lieux de spectacle ! Les zones les plus avancées dans le processus révolutionnaire sont celles tenues par les anarchistes de la FAI (Fédération Anarchiste Ibérique) et de la CNT et par les trotskisants du POUM (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste).

C’est en fait l’intervention de puissances étrangères qui modifie la donne d’un conflit à l’issue incertaine. La Société Des Nations se montre incapable de défendre le gouvernement légitime espagnol et prône la non-intervention. Mais cet engagement n’est pas respecté par l’Italie le Portugal et l’Allemagne qui soutiennent les putschistes. Le 26 avril 1937 Guernica au Pays Basque devient la première ville détruite par l’aviation d’Hitler et un symbole universel de l’horreur de la guerre sous les pinceaux de Pablo Picasso peu de temps après.

Le camp républicain ne peut compter quant à lui que sur l’aide de Moscou et sur les livraisons d’armes en provenance de la France qui ne s’engage cependant pas officiellement de peur de déclencher un conflit mondial malgré la présence à sa tête du gouvernement de Front populaire de Blum.

L’URSS de Staline envoie massivement du matériel et organise les célèbres Brigades Internationales, corps de volontaires étrangers (où l’on retrouve notamment le futur maréchal Tito et André Malraux) qui intervient sur le front espagnol d’octobre 36 à novembre 38.

Mais l’aide de Moscou a un prix : le poids des communistes devient prépondérant dès l’été 1937 dans le gouvernement de la République. Alors que commence en URSS les grandes purges staliniennes et le premier procès de Moscou, les soviétiques éliminent physiquement les « hitléro-trotskistes » du POUM (dont leur chef Andréas Nin) et pourchassent les dirigeants anarchistes. Le comble de l’absurde est atteint à Barcelone en Mai 1937 quand les communistes prennent par la force le contrôle de la ville à la CNT et au POUM.

Ces affrontements internes empêchent une coordination des troupes républicaines, et facilitent la victoire finale des troupes de Franco (devenu chef des nationalistes) le 1er avril 1939, tout comme le changement de politique diplomatique de Staline à partir de l’été 1938, qui après les accords de Munich, cherche à se rapprocher de l’Allemagne et à sortir du bourbier espagnol.

On dénombre environ 500 000 victimes à la fin de la guerre, sans compter les nombreux réfugiés républicains parqués dans des camps en France dans des conditions insupportables. Beaucoup de ces espagnols combattront le nazisme durant la Seconde Guerre Mondiale.

Franco, grâce au soutien des Etats-Unis durant la Guerre Froide, règne d’une main de fer sur l’Espagne jusqu’à sa mort en 1975. L’Espagne n’a pas encore fait complètement le bilan de cette période sombre de son histoire. Il y a quelques semaines, le 1er ministre socialiste Zapatero, petit-fils de fusillé républicain, a proposé une loi visant à réhabiliter les morts de la République espagnole. La virulence de certaines réactions prouve que la Guerre d’Espagne est encore une blessure vive dans l’Histoire de ce pays.

( photos rajoutées par Al Index: 1= Guernica de Picasso; 2 = le poète Garcia Lorca fusillé par les nationalistes ; 3 = le siège de Madrid ; 4 = Franco et Hitler; 5 = Andreas Nin)

Pierre Cortese, Démocratie & Socialisme . Samedi 9 septembre 2006

Jusqu'à ce que Le Corps Résiste

un été 2001

23 mars 2010

travailler plus, avec moins !


Si l'école est en crise, comme l'illustrent les récentes grèves des professeurs, cela résulte en grande partie d'un simple choix budgétaire, qui se traduit par une baisse de la part des dépenses d'éducation dans le PIB.
Ces derniers jours, l'école a été à la une des médias avec une série d'incidents en matière d'insécurité. Ces problèmes illustrent un malaise plus profond et traduisent la dévalorisation de l'institution scolaire. Celle-ci a en effet cessé d'être une priorité tant pour la société que pour ceux qui nous gouvernent.
Que l'insécurité s'accroisse dans les collèges et les lycées n'est pas vraiment surprenant : en 2004, l'Education nationale employait encore 50 000 personnes pour y assurer la « surveillance » sous différents statuts, aujourd'hui, ils ne sont plus que 28 000, quasiment moitié moins… Mais ce qui se passe sur ce plan ne fait qu'illustrer un désinvestissement plus général. La part des richesses produites chaque année, le fameux produit intérieur brut (PIB), consacrée à l'éducation était de 7,6 % en 1996. En 2008, elle n'était plus que de 6,6 %, en baisse une fois de plus par rapport à 2007. Nicolas Sarkozy veut réduire la part des dépenses publiques dans le PIB. En matière d'éducation, c'est déjà le cas chaque année depuis près de quinze ans…
Les conséquences des coupes budgétaires
1 point de PIB en moins, cela paraît très abstrait. Cela veut dire en fait qu'il manque 20 milliards d'euros au budget de l'Education pour que l'effort de la nation soit équivalent à ce qu'il était en 1996. 20 milliards en moins sur 129, c'est un trou de 15 %, il manque un euro sur six. Ces 20 milliards représentent plus de dix fois ce que l'Etat dépense chaque année pour son action à l'étranger ou encore deux fois ce que dépense le très grand ministère de Jean-Louis Borloo pour l'écologie, le développement et l'aménagement durables… Cela se traduit par des reculs majeurs : en 1996, 84 % des jeunes de 18 ans étaient scolarisés, aujourd'hui on est redescendu en dessous de 80 %. Et à 20 ans, la chute est encore plus prononcée, de l'ordre de 6 points… Tandis que 150 000 jeunes sortent toujours du système scolaire sans aucun diplôme. L'école française apparaît en outre dans les comparaisons internationales comme médiocre, parmi celles qui reproduisent le plus les inégalités sociales.
Investir dans l'avenir
Ces difficultés ne relèvent évidemment pas seulement de questions de moyens. Les racines du mal sont complexes et profondes. Il n'empêche, il n'existe aucune possibilité d'améliorer les choses dans un contexte d'austérité budgétaire accrue. Or l'école reste la principale cible des politiques de maîtrise des dépenses de l'Etat. En 2010, sur les 30 000 suppressions d'emplois publics programmées par le gouvernement, 16 000, soit plus de la moitié, sont prévues dans l'éducation. Avec des conséquences absurdes, comme la réforme de la formation des enseignants. On va les recruter un an plus tard et les envoyer faire cours sans qu'ils aient suivi quasiment aucune formation pédagogique ni stages pratiques. Simplement parce que cela permettra d'économiser quelques milliers de postes…
Ces aberrations illustrent un contresens total sur la notion d'« investissements d'avenir » régulièrement mise en avant par le gouvernement : il vient en particulier de lancer une (coûteuse) campagne de communication pour justifier le « grand emprunt ». Celui-ci « n'est pas une dépense courante, affirme cette campagne. C'est un programme qui financera des investissements dans des secteurs d'avenir… ». Mais cette distinction entre « dépenses courantes » et « investissements d'avenir» n'a plus aucun sens dans nos sociétés. L'investissement a cessé en effet depuis longtemps de s'y mesurer en tonnes d'acier et de béton. En s'attaquant en priorité aux dépenses d'éducation, censées n'être que des dépenses courantes, le gouvernement hypothèque au contraire lourdement l'avenir de notre société et de notre économie.
Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques | Article Web - 12 mars 2010

12 mars 2010

Pour accompagner les recettes ...

Le Chateauneuf du Pape Denis & Co a encore reçu la médaille d'or du pays de la Baie. Spécialité manchote, le vin Denis & Co a été élu à l'unanimité "vin manchot de l'année" par le très prestigieux Cercle œnologique de la Sélune. Venus des quatre coins du Grand Ouest, ou presque, les "Chevaliers de la Table Dressée", comme on les appelle, ont célébré, comme il se doit, la traditionnelle dégustation de la Saint Valentin, patron des œnologues manchots. Et ils en redemandent ... A charge cette année pour la Propriété Denis & Co de produire assez de bouteilles pour approvisionner tous les celliers et caves manchots dignes de ce nom. Y arrivera-t-elle ? C'est tout le mal qu'on lui souhaite.
Pour les gourmets, je signale que le Chateaufneuf du Pape Denis & Co se marie très bien avec tout, les macarons à la brestoise, les cakes aux pommes et à la cannelle, les tisanes contre les brûlures d'estomac, .... mais il se boit aussi très bien tout seul. Cependant attention, l'abus d'alcool nuit à la santé.

Van Gogh (1)







10 mars 2010

Quelques-uns dans le "système" commencent à sentir monter en eux une sainte trouille



... Et puis, quitte à faire dans l'avertissement, autant dire les choses un peu plus carrément encore. Le processus qui a fait muter la crise de finance privée en crise de finances publiques ne s'arrêtera pas en si bon chemin : l'étape d'après est celle qui fait tourner la crise de finances publiques en crise politique. Quelques-uns dans le "système" commencent à sentir monter en eux une sainte trouille, et l'on tiendra pour une indication très significative que de notoires ennemis de la finance comme MM. Dominique Stauss-Kahn et Jean-Claude Trichet se soient publiquement inquiétés de ce que les corps sociaux prendraient probablement très mal qu'on leur demandât de venir éponger une nouvelle crise financière. Le plus drôle, si l'on peut dire, tient au fait que non seulement l'hypothèse d'une "prochaine" n'est nullement à exclure mais qu'elle a toute chance de démarrer dans le compartiment des dettes publiques, en conséquence directe donc de la gestion de la crise précédente- il est vrai que ça va commencer à faire beaucoup.

Gageons que, pour calmer un peu le populo mécontent, les syndicats les plus institutionnalisés, faisant désormais partie, aux côtés de la droite et de la "gauche" social-démocrate, d'un bloc de pouvoir unifié de fait par-delà ses divisions secondes, organiseront quelques innocentes marches, si possible un jour de soleil, entre République et Nation, peut-^tre même des piques-niques. Il est cependant possible que l'option "promenade urbaine" ne soit plus suffisante et que le populo en question, un peu las de se promener, finisse par trouver qu'il en a également assez de se sentir promené.

Sans préjuger de ce qui pourrait se passer alors, et dont les Grecs nous donnerons peut-être bientôt un avant-goût, il est utile de se souvenir qu'un groupe qui n'est pas naturellement méchant ne le devient jamais autant qu'à force d'avoir été maltraité et surtout de se retrouver dans une situation de laquelle on ne cesse de lui répéter qu'il n'y a aucune issue- aucune autre que celle qui le maltraite. D'autres issues, il y en a (lire "Si le G20 voulait ..." et "Au-delà de la Grèce : déficit, dettes et monnaie", La pompe à phynances, blog.mondediplo.net, 18 septembre 32009 et 17 février 2010. ) Présentées avec un peu de fermeté, elles pourraient même prendre l'allure d'un contre-choc.

Frédéric LORDON, Le Monde diplomatique, mars 2010.

9 mars 2010

Mathieu Boogaerts

Je voulais mettre "le ciment" que Louise aime bien, mais "c'est dommage" que j'ai trouvé. Mince !?

7 mars 2010

Nicolas de Staël (4)

Nicolas de S taël (3)

Nicals de Staël 2

Nicolas de Staël

Des solutions pour les retraites


Mathématiques ou politique ?
Vieillissement de la population et dette publique : ce cocktail devrait impérativement conduire à retarder l'âge de la retraite pour tous, en Europe. "C'est mathématique", explique-t-on pour faire oublier qu'en fait "c'est politique".

0,054% PAR AN. En France, le premier ministre prétend qu'il faudrait trouver 100 milliards d'euros en 2050. Chiffre fantôme. La Commission européenne, peu suspecte de laxisme en matière sociale, montre que le surcoût lié au vieillissement (pensions de retraite, maladies, prise en charge de la dépendance) atteindrait, en France, 2,7 points du produit intérieur brut (PIB) à l'horizon 2060 (lire Jean-François Couvrat sur le blog Déchiffrages); 2,7 points à trouver en cinquante ans; 0,054% par an. Cela ne devrait quand même pas être sorcier.

UN SYSTÈME INÉGAL. Cela ne signifie pas qu'il faille laissr le système en l'état : les inagélités prolifèrent (entre hommes et femmes; entre ouvriers et cadres ...) les systhèmes et caisses multiples rendent les droits opaques alors qu'on passe plus fréquemment d'un statut à un autre (salarié du privé, entrepreneur ...; le taux de remplacement des retraites (niveau de pension par rapport au salaire perçu) a chuté de dix points ... des transformations s'imposent, qui incluent le droit du travail, la fiscalité et l'assurance-vieillesse pour asseoir la protection sociale sur la création de richesses.

REDÉPLOYER CERTAINS DÉPENSES PUBLIQUES : Sans attendre, il est possible d'économiser : 30,7 milliards d'euros d'exonération de cotisations sociales octroyés en 2008 (sans que cela ne sauve ni l'emploi, ni les salaires, ni les investissements); 10 à 15 milliards d'euros de "bouclier fiscal" ; 22 milliards en trois ans d'exonération des plus-values de cessions de titres de participation des entreprises (vente de filiales, les groupes empochant desbénéfices non imposés). Pas de trésor caché, mais une petite manne quand même. le moins-disant social et fiscal étant le terrain de jeu favori des pays européens, ce qui est vrai pour la France peut l'être pour nombre de nations en difficulté.

SOUMETTRE A COTISATION LES REVENUS FINANCIERS. Autre mesure immédiate : soumettre à cotisation sociale les produits de l'intéressement, de la participation et des plans d'épargne salariale. Avec un double avantage : apporter de l'argent frais immédiatement et décourager ce type de rémunération défavorable aux salariés.

Deux pistes pour desserrer la contrainte immédiate et se donner du temps pour réformer équitablement le système, depuis l'entrée dans la vie active jusqu'à la retraite.
Laurent CORDONNIER, Le Monde diplomatique, mars 2010.