19 avril 2010

Le système monétaire international



1945-1993 : presque un demi-siècle de tutelle publique. En fait, l'État cesse de contrôler le crédit en 1983, lorsque le gouvernement socialiste décide d'arrimer le franc au mark, monnaie forte, de stabiliser la France dans l'Europe et de laisser le contrôle du crédit et de l'émission monétaire (de nouveau!) à la banque de France. L'État a donc contrôlé le crédit de 1934 à 1983, pendant cinquante ans. En 1993, l'État prend acte de l'indépendance de la Banque de France par la loi de décembre. Désormais, le gouverneur est nommé mais ne peut plus être "démissionné" par l'État. Il est interdit à la Banque de financer le déficit du budget de l'État, autrement dit, de faire marcher la "planche à billets". Si l'État a besoin de sous, qu'il les emprunte et qu'il les rembourse! le nouveaux statuts de la banque interdisent aux membres de son conseil "de solliciter ou d'accepter d'instruction du gouvernement ou de toute personne". Et voilà. Le pouvoir politique est soumis. La dictature des rentiers a triomphé. Les statuts de la Banque de France, calqués (et "aggravés" en quelques sortes) sur ceux de la Bundesbank, gardienne du temple de la monnaie forte, seront copiés par la banque centrale européenne. L'ordre des créanciers règne en Europe. Aux États-Unis, c'est l'inverse. La Banque fédérale de réserve est responsable devant le Congrès. La planche à billets fonctionne toujours. La statut d'hyper-puissance permet aux États-Unis d'accaparer, chaque année, les deux tiers de l'épargne nouvelle dans le monde, essentiellement en provenance d'Europe ou du Japon. Les États-Unis, souverains du monde, fonctionnent selon le principe régalien de la création monétaire. Voilà une question essentielle d'économiste : qui fabrique l'argent qui nous fait vivre ? Au profit de qui ? Pour quelles activités ? De 1945 à 1976, en France, l'État fabrique l'argent au profit de la reconstruction, puis de la croissance. Et puis, après cette très brève parenthèse du capitalisme, le privé reprend ses droits.

Europe égale monnaie forte. En 2002, les revenus de la rente représentent à nouveau une part considérable (plus de 10 %) du revenu des Français, comme à la veille de 1914. Le capital financier revient, au détriment du capital industriel. Les grandes banques de dépôt, nationalisées en 1945, sont, l'une après l'autre, privatisées. Elle échappent à la tutelle de l'État, bien médiocre il est vrai - il n'y a qu'à voir l'affaire du Crédit Lyonnais, banque nationale, que ni le ministère des Finances, ni la Banque de France, ni le Trésor public, organes de tutelle, n'ont su ou n'ont voulu contrôler. Les grandes banques de dépôt, la BNP, la Société générale, se lancent sur les marchés internationaux. Elles émettent de la monnaie en toute indépendance, participent aux marchés monétaires internationaux "off shore", hors des territoires nationaux, financent des fonds spéculatifs. Une grande partie de leurs mouvements de fonds est "hors bilan" et échappe au contrôle public des nations. Le crédit (sauf aux États-Unis) a totalement échappé aux États. La création de l'euro en 2001 voit triompher le modèle rentier : la Banque centrale européenne n'a aucun ordre à recevoir de quiconque, elle impose une poilitique économique stricte, où l'intervention publique est limitée par le "pacte de stabilité", des déficits du budjet contrôlés, une inflation et un endettement faibles. L'État est soumis, il est sous tutelle économique ... Retour à l'aube du XIXe siècle. [...]

En 1969
, le président Nixon, génie politique, fait le bon choix : il choisit l'industrie contre la finance, se disant que, de toute façon, la puissance militaro-industrielle des États-Unis garantira le dollar. Il fait exploser le système de Bretton Woods en laissant flotter le dollar. En 1971, le dollar cesse d'être aligné sur l'or. Quel pari formidable! Le pari que seule la signature des États-Unis, la confiance qu'ils inspirent, pat leur dimension, leur puissance, suffira à garantir la valeur de la monnaie. Pari gagné. Les États-Unis, à nouveau, peuvent émettre la quantité de monnaie qu'ils veulent et financer leur industrie. Aux autre pays maintenant de demander la conversion de leur propre monnaie en dollar sur des marchés libres des changes, tous les jours, au jour le jour. L'euro est fort ? La belle affaire! Les exportations américaines s'envolent! l'euro est faible , La belle affaire! Les capitaux affluent aux États-Unis, l'investissent et la production décollent! C'est un immense retour de la fonction régalienne de la monnaie : le dollar est la monnaie supérieure, parce que les États-Unis sont la puissance supérieure, ils sont le prince de ce monde. Ils acceptent un déficit énorme, déficit qui faisait éclater de rire le prix Nobel Milton Friedman parce qu'il était libellé en dollars. Pauvre Monsieur Trichet, patron de la banque centrale européenne, qui compte ses sous un peu comme un petit épicier de Plougastel compterait sa caisse à Côté de Windows qui fait des dettes! Magnifique, superbe et régalienne déclaration de Milton Friedman : "ce que je dois est libellé dans ma monnaie. Donc je ne dois rien. Je ne vous dois rien." [...]

(pour lire la suite, gardons à l'esprit que le terme "monnaie" fait référence à la monnaie-crédit, totalement dématérialisée, et immensément plus importante en chiffres aujourd'hui . Al Index).

En 1976, sont signés les accords de la Jamaïque enterrant à jamais le rôle de l'or comme monnaie internationale de réserve. Giscard d'Estaing signe, très heureux. Il n'a pas compris que, du temps de l'or, existait quelque chose, un équivalent général, une monnaie supérieure, qui interdisait à un État de dominer les autres et ne soumettait pas les économies à une puissance dominante. Non seulement la monnaie unique n'existe plus, mais sous la monnaie dominante, le dollar, des milliers de monnaies privées ont explosé, sans que plus jamais les États n'exercent un véritable contrôle du crédit. Les banques des pays d'Europe, du Japon, d'Asie et d'Amérique se sont mises à créer leur monnaie et à l'échanger au jour le jour sur le marché monétaire international. C'est la Far West! L'Amérique des années 1860, où 10 000 dollars bariolés circulaient! la monnaie créée par la BNP (les lignes de crédit ouvertes par cette banques), concurrence celle créée par la Deutsche Bank (les lignes ce crédit qu'elle ouvre), celle de la Société Générale, de la Citybank, du Crédit Suisse de Boston, de la Banque s'Arabie Saoudite, etc..., sans que jamais les États puissent intervenir. La finance internationale est devenue totalement privée. Non seulement privée, mais largement "off shore", en dehors de tout contrôle des espaces nationaux et des pouvoirs publics. Cette création monétaire, privée, est-elle totalement débridée ? Non, pas entièrement. Les banquiers s'imposent quand même des garde-fous. Par exemple, la Banque des règlements internationaux, la BRI, créée à Bretton Woods en même temps que la Banque mondiale et le FMI, impose aux banques privées du monde entier le "ratio McDonough", du nom du président de la SEC, qui a succédé au ratio Cooke, du nom d'un autre banquier. Ce ratio dit : "Vous, banquiers, il faut que 8% de vos crédits soient du liquide. Ou du quasi-liquide. Des titres que vous puissiez rapidement transformer en devises, dollars, euros, ou yens. Pour des raisons de prudence." Mais on comprend bien que si la création de dollars, de yens et d'euros n'est pas vraiment limitée, imposer le McDonough, c'est comme imposer à une voiture de limiter sa vitesse, en augmentant simultanément les chiffres sur les panneaux limitateurs de vitesse! L'explosion des marchés financiers, des marchés boursiers d'actions et d'obligations, et surtout des marchés dérivés (les produits d'assurance sur les fluctuations des monnaies, des taux d'intérêt) accroît le volume des signes monétaires en circulation qui n'ont pas véritablement de contreparties. Par exemple, je suis marchand d'armes français. Je veux m'assurer contre les fluctuations de l'euro face au dollar, car mon contrat est à terme libellé en dollars, et je ne sais pas trop combien vaudront les dollars quand mon acheteur arabe aura fini de me payer dans dix ans- s'il existe encore. Je prends une assurance, c'est-à-dire que je souscris à un contrat sur un marché dérivé. Mon vendeur, sur le marché dérivé, va se réassurer et donc acheter un dérivé de dérivé. Tout cela coûte cher, en intérêts, en intermédiation. Est-ce un contrat sûr, au moins , Même pas. Un assureur s'est fait assurer par un assureur, mais qui assure vraiment le second, Ne va-t-il pas se réassurer sur un troisième qui va se réassurer sur le premier, comme un serpent qui se mord la queue ?

A qui profite l'absence de règles ? A ceux qui ont la force. La libération des monnaies a profité à la seule monnaie qui pouvait associer la force à sa liberté : le dollar.

Il semble bien que la libération des monnaies ait donné lieu à une gigantesque bulle monétaire, qui, après la bulle des bourses, risque d'exploser. Qu'est-ce qui motive la spéculation , L'excitation? Tout cela est très excitant ...


Bernard MARIS- Antimanuel d'Economie- tome 1.

13 avril 2010

L’Etat colle aux basques d’une association d’agriculteurs


C’est une gueguerre judiciaire. Depuis plus de cinq ans, l’État et ses services s’acharnent sur la structure visant à promouvoir une agriculture durable en Pays Basque. Avec un nouvel épisode en appel… « L’attitude de l’Etat à notre encontre est antidémocratique, impensable et imbécile » confie Michel Berhocoirigoin, président de EHLG (Euskal herriko laborantza ganbara). Le premier procès du 29 janvier 2009 devant le tribunal de Bayonne s’était soldé par une relaxe, mais l’État a la dent dure. Philippe Rey, le préfet des Pyrénées Atlantiques remet les fers au feu et renvoie en appel devant les tribunaux l’association EHLG le 18 février 2010. Depuis plus de cinq ans, l’État et ses services s’acharnent sur la structure visant à promouvoir une agriculture durable en Pays Basque mais les actions en justice ne sont pas ses seules armes. L’association a rédigé un pavé de 700 pages intitulé « le livre noir du harcèlement de EHLG par les pouvoirs publics et l’administration ». L’ouvrage retrace la pression permanente, quasi hebdomadaire qu’elle subit depuis sa création : les manœuvres de l’administration fiscale, le procès à l’encontre des 27 communes qui ont soutenues financièrement l’association ou encore, les pressions préfectorales et administratives pour écarter EHLG du champ des diagnostics environnementaux des exploitations agricoles. On comprend vite à la lecture du livre noir que l’État ne manque ni d’énergie, ni de moyen. Son acharnement frise parfois le ridicule quand le préfet Phillipe Rey saisit le tribunal administratif contre Behorleguy, une commune essentiellement agricole de 72 habitants. Le représentant de l’État jugeait que les subventions octroyées par la commune de basse-navarre à l’association EHLG n’étaient pas d’intérêt communal. Son montant voté en 2005, 2006 et 2007 par le conseil municipal de Behorleguy était de 45 Eu. Un déploiement administratif et judiciaire ultra disproportionné au vue de l’engagement financier de la commune en question. L’action en justice suit surtout à la lettre la stratégie d’intimidation permanente de Phillipe Rey. Michel Tubiana, président d’honneur de la ligue des droits de l’homme a préfacé le livre noir du harcèlement d’EHLG, il explique sa démarche : « Il s’agit d’une atteinte à la liberté d’association, mais aussi une négation de la citoyenneté. Dans ce dossier on instrumentalise les services de l’Etat à des fins politiques ». Derrière lui, de nombreuses personnalités se sont réunies pour condamner les logiques de l’État dans ce dossier. Parmi elles, on compte notamment Albert Jacquart, Stéphane Hessel, rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’homme ou Corine Lepage qui sera l’avocate de la défense dans le procès en appel à Pau. Agro-industrie jacobine Comment expliquer alors un tel acharnement de l’État ? Nommée Euskal Laborantza Herriko Ganbara, (littéralement la chambre d’agriculture du Pays Basque), l’association aspire à une reconnaissance de la langue basque mais le propos n’est pas ici : « EHLG met à mal le modèle de l’État jacobin, car celui-ci défend un projet d’agriculture intensive, dans le lequel les paysans ne sont pas des acteurs de leur territoire, mais des ouvriers de l’agro-industrie » explique Txetx Etchevrry, coordinateur de la campagne de soutien. C’est le syndicat ELB, affilié à la confédération paysanne qui a crée EHLG en 2005. L’association répond clairement aux attentes des paysans basques qui, topographie oblige, sont majoritairement engagés dans des logiques de qualité sur des petites exploitations (circuits courts, agriculture biologiques, pluri-cultures…). Depuis qu’elle est née, l’association n’a cessé de croître, d’embaucher du personnel et a même remporté des appels d’offres publiques de diagnostics environnementaux et agraires. Du coup, la chambre d’agriculture « officielle » de Pau dans les mains de la FDSEA est de plus en plus dans l’ombre du travail pertinent de l’association : « EHLG démontre clairement le manque de réponse adaptée du ministère de l’agriculture à une vraie nécessité de développement durable et d’une autre agriculture » déclare Michel Bidegain, universitaire et un des rédacteurs du livre noir. Si l’association gagne toujours plus de crédit dans la société basque, elle donne aussi des idées aux autres fédérations départementales de la confédération paysanne qui découvrent un moyen de court-circuiter leurs chambres d’agriculture respectives. Les instances de l’État voit d’un très mauvais œil cette auto-organisation de citoyens-paysans car la nouvelle relaxe de l’association EHLG pourrait faire office de jurisprudence et constituer un nouveau modèle de développement alternatif. En attente du procès du 18 février, pour EHLG et son président Michel Berhocoirigoin, l’ambition est pourtant claire : « Nous souhaitons juste continuer à travailler et construire un vrai projet de développement durable pour notre territoire ».
par Jean-Sebastien Mora , site BAKCHICH- 18/02/2010

Garzon accusé, la justice y va Franco


Le juge, à qui l’on reproche d’avoir voulu enquêter sur les crimes du franquisme a été mis en examen pour avoir outrepassé ses compétences.

Le juge le plus célèbre d’Espagne est inculpé par la cour suprême pour avoir tenté d’enquêter sur les crimes de la dictature. Depuis la loi d’amnistie votée en 1977, le franquisme est tabou en Espagne mais omniprésent dans la société.

Après avoir poursuivi Pinochet, relevé le scandale anti-terroriste du GAL [1] et tenté d’inculper Israël pour les crimes commis à Gaza, Baltasar Garzon sera jugé à son tour. Luciano Varela, juge au Tribunal suprême, accuse Garzon du délit de « prévarication » [2] pour avoir enquêté sur les crimes de la dictature franquiste. Il répond favorablement à une plainte de la Phalange, un parti d’extrême droite (Seul parti politique autorisé sous la dictature).

En septembre 2008, Garzón avait ouvert une instruction sur les meurtres commis à l’époque de Franco après avoir reçu les pétitions lancées par les familles des victimes regroupées dans l’Association pour la récupération de la mémoire historique (ARMH). En conséquence de son instruction, Garzón accusait Franco, 44 anciens généraux et ministres, ainsi que 10 membres de la Phalange, de crimes contre l’humanité. Il a exigé l’ouverture de dizaines de fosses communes où plus 100.000 de leurs victimes avaient été fusillées sommairement et enterrées. (349 enfants de moins de dix ans avait été exhumés).

La cour suprême reproche aujourd’hui à Garzon d’avoir monté un "artifice juridique" pour ouvrir une enquête sur les disparus de la guerre civile (1936-1939) et du franquisme (1939-1975), ignorant délibérément une loi d’amnistie générale votée en 1977 par le Parlement espagnol. En Espagne, il est impossible de rompre le pacte du silence post-dictature. Pourtant le Comité des droits de l’homme de l’ONU avait demandé en 2008 à Madrid d’abroger sa loi d’amnistie post-franquiste et de "garantir le caractère imprescriptible des crimes de lèse-humanité". Le juge Baltasar Garzón a fait appel samedi de la décision du juge du Tribunal suprême de le déférer en justice.

Un pays en mal de justice

En 1976, la mort de Franco et le retour du roi Juan Carlos ne se traduisent pas par une rupture symbolique avec l’idéologie franquiste, comme cela a pu être le cas en Allemagne en 1945 avec le procès de Nuremberg, explique David Dominguez, doctorant à Madrid en philosophie politique. Trente ans après la transition « démocratique », le PP (Parti Populaire) refuse toujours de condamner les crimes du franquisme, certains politiques comme Manuel Fraga [3] sont passés sans encombre de la dictature à la démocratie. »

L’écho juridique donné à une plainte de l’extrême illustre bien la logique décrite par l’universitaire. Le 3 novembre 2009 dans un nouveau rapport, Amnesty International dénonçait les autorités espagnoles « de manquer de volonté de faire face aux problèmes des actes de torture et autres formes de mauvais traitements imputables aux forces de l’ordre ». La Cour européenne des droits de l’homme a aussi été saisie à plusieurs reprises en 2009 pour « violation du droit à un procès équitable, torture et discrimination » à l’encontre de militants basques, mais aussi d’immigrés, de manifestants et de militants écologiques ou d’extrême gauche.

Samedi 13 mars 2010 à Madrid, 1400 juges, soit quasiment la moitié des juges exerçants en Espagne, dénonçaient à leur tour une politisation de la justice et un manque d’indépendance. En mettant Baltasar Garzón devant les tribunaux, la justice espagnole brille à nouveau par son prisme idéologique. Vendredi le“Caso Gürtel” faisait les gros titres des journaux. Il s’agit du plus gros scandale de corruption agitant le Parti Populaire (PP) espagnol. Il met directement en cause le sénateur et le trésorier du parti conservateur, Luis Barcenas, accusé d’avoir blanchi 1,3 millions d’euros, mais aussi, Manuel Rajoy le numéro un du PP. Garzón était en charge de l’enquête.

Ainsi beaucoup suspectent la droite espagnole d’avoir exercé des pressions pour que Garzón soit mis en examen à son tour. Trois jours après l’annonce à comparaitre contre ce dernier, le chef du gouvernement José Luis Zapatero demandait aux juges de prendre leurs responsabilités. En 2009 il avait jugé inacceptable que le Parti Populaire tente “d’intimider le juge Garzón ”. Cependant, plusieurs membres du gouvernement ont estimé « inacceptable » le caractère politique de cette affaire. Plus de deux cents organisations de défense des droits de l’homme et des juristes du monde entier, dont l’ex-procureure du Tribunal pénal international pour la Yougoslavie, Carla Del Ponte, ont récemment signé une lettre de soutien au juge mis en cause. Un groupe d’éminents écrivains, d’avocats, d’universitaires et de musiciens ont également apporté leur soutien au juge accusé de prévarication en déclarant notamment qu’ils étaient « tristement convaincus » qu’il allait être soumis à un procès « kafkaïesque ».

Jean-Sebastien Mora, mardi 13 avril –BAKCHICH- Espagne


rien à rajouter

Aux Glières, "l’homme qui rit dans les cimetières" se la joue preux pèlerin 2

Le déplacement se veut symbolique : depuis 2007, Nicolas Sarkozy se rend chaque année sur le plateau des Glières, prétendu hommage aux résistants tombés pendant la Seconde Guerre mondiale. Le président fait au moins preuve de constance dans la récupération… L’occasion pour les médias de transformer ce déplacement opportuniste en "pèlerinage". Sans déconner ?


[...]

En l’avant propos de Les Jours Heureux [4], le journaliste Jean-Luc Porquet parvient à trouver un effet positif au « pèlerinage » présidentiel aux Glières : « Il faudrait remercier Nicolas Sarkozy. C’est à cause de son insistance que de simples citoyens, réunis au sein de l’association Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, créée en décembre 2008, sont retournés aux sources. C’est parce que, depuis mai 2007, il est venu trois fois en pèlerinage ostentatoire sur le plateau des Glières, haut lieu de la résistance en Haute-Savoie, accompagné à chaque fois de cameramen et de porteurs de micros convoqués par ses soins, qu’ils se sont mobilisés. Et qu’ils se sont replongés dans lecture des Jours Heureux, le programme du Conseil national de la Résistance publié en mars 1944. »
Un programme, explique ensuite le journaliste du Canard, que Nicolas Sarkozy et ses sbires n’ont de cesse de détricoter, de mettre à bas. L’œuvre de destruction est parfaitement résumée par la célèbre formule de Denis Kessler, figure du patronat : « Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement [de Sarkozy] peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité Sociale, paritarisme… À y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple : prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. »

[...]


par JBB- site article XI- 09/04/2010

L'ensemble de l'article est bien. Pour lire la suite :
http://www.article11.info/spip/spip.php?article763


Aux Glières, "l’homme qui rit dans les cimetières" se la joue preux pèlerin

9 avril 2010

Il n'y a pas que le bouclier fiscal


Le bouclier fiscal, instauré en 2007 par la loi en faveur du Travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat (TEPA), est contesté au sein même de l'UMP, pour son inéquité et son coût trop élevé. Mais d'autres mesures fiscales récentes mériteraient les mêmes critiques.

Suite au résultat des élections régionales des 14 et 21 mars dernier, le « bouclier fiscal », a été fortement contesté au sein même de la majorité. Ce dispositif symbolise certes le souci prioritaire d'alléger les impôts des plus aisés, mais d'autres dispositions, nettement plus coûteuses pour les finances publiques, devraient également être remises en cause après la crise. Ce serait indispensable non seulement pour rétablir l'équilibre des finances publiques, mais aussi pour restaurer le sentiment minimal de justice nécessaire à la préservation de la cohésion sociale. Et ce serait désormais possible du fait des efforts engagés au niveau de la communauté internationale pour lutter (enfin) contre les paradis fiscaux. C'est en effet, leur essor qui avait servi de justification aux multiples réformes fiscales visant à alléger les impôts des plus aisés. On n'en prend cependant pas le chemin.

Le "bouclier fiscal" avait été mis en place par Dominique de Villepin en 2006 puis renforcé en 2007 par la loi en faveur du Travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat (TEPA). Ce dispositif a coûté 585 millions d'euros en 2009 et concerné 16 350 ménages, selon le ministre du Budget. Il permet de limiter les impôts des particuliers (CSG et CRDS comprises) à 50% de leurs revenus déclarés. Ce taux peut paraître élevé mais il ne s'applique pas en réalité à la totalité des revenus des ménages concernés car ceux-ci ont le droit de déduire des revenus qui servent à calculer ce taux, une partie de leurs dépenses…

C'est ce qui fait que les 1 % des Français les plus riches n'ont été taxés en moyenne en 2007 qu'à 20 % au titre de l'impôt sur le revenu, selon les éléments publiés le 1er avril dernier par l'Insee. Un taux qui a dû encore diminuer depuis, avec l'ajout de nombreuses « niches fiscales » supplémentaires et l'abaissement de 60 à 50 % du seuil du « bouclier fiscal ». Le « bouclier fiscal » ne constitue cependant que la pointe émergée d'un énorme iceberg : entre 2000 et 2008, ce ne sont pas moins de 24 milliards d'euros, 1,2 points de PIB, qui ont été perdus par l'Etat du fait des multiples réformes qui se sont succédées pour limiter les rentrées fiscales sur les revenus et les patrimoines des plus aisés.


Le « bouclier fiscal » n'est que la pointe émergée de l'iceberg

Montants perçus au titre de l'impôt sur le revenu, l'ISF et les droits de successions (en % du revenu disponible brut des ménages) et pertes de rentrées fiscales par rapport au niveau de ces impôts en 2000 (en milliards d'euros)

Pour l'instant, Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa volonté de ne pas toucher au bouclier fiscal. Et il n'a pas été question de remettre en cause les autres éléments de la loi TEPA, comme l'allègement de l'impôt sur les successions, la diminution de l'ISF en cas d'investissement dans les PME ou les exemptions fiscales sur les heures supplémentaires. A l'exception toutefois de la très coûteuse déduction des intérêts des emprunts immobiliers (1,5 milliard en 2010, trois fois plus potentiellement à terme). Elle devrait être remplacée par une aide versée au moment de l'achat, sans pour autant revenir sur l'objectif de la campagne présidentiel de Nicolas Sarkozy de parvenir à une "France des propriétaires". Bref, l'indispensable tournant rooseveltien de la fiscalité française reste entièrement à engager.

Julien Duriez et Guillaume Duval | Article Web - Alternatives Economiques01 avril 2010

5 avril 2010

Enron


... La presse joue donc un rôle essentiel en matière économique. Les "lois économiques", les "concepts", sont autant fabriqués par elle que par les savants, les hommes d'affaires et , comme nous allons le voir maintenant, les hommes politiques.

les hommes politiques et les autorités de tutelle

Enron, enfin, permet de montrer encore et toujours les noces de l politique et de l'économie.
George W.Bush et Kenneth Lay (Pdg d'Enron) sont de amis de 20 ans. Kenneth Lay a donné 100 000 dollars pour la cérémonie d'investiture du nouveau président et plus d'un million pour ses différentes campagnes, dont 314 000 dollars pour la campagne présidentielle. Il obtient de Bush la nomination de Pat Wood, ami texan, à la tête du FERC, agence fédérale de réglementation de l'énergie.
Paul O'Neil, secrétaire d'État au Trésor, a été sollicité directement par Kenneth Lay pour sauver Enron.
Don Evans, secrétaire d'État au Commerce, est un ami personnel de Kenneth Lay.
Lawrence Lindsey, conseiller économique de George Bush, est ancien consultant rémunéré d'Enron.
John Ashcroft, ministre de la Justice , a reçu 57 499 dollars d'Enron pour le financement de sa campagne de sénateur.
Karl Rove, conseiller politique de G.W. Bush, est un gros actionnaire d'Enron.Présent aux réunions concernant la politique énergétique des États-Unis, il vend assez vite ses actions Enron.
Marc Racicot, président du Parti républicain, est un ancien lobbyiste pour Enron (bien rémunéré lui aussi).
Thomas Withe est secrétaire d'Etat aux Forces armées, ancien vice-président et ancien actionnaire d'Enron. Cadre supérieur chez Enron pendant 10 ans, il a recueilli plus de 31 millions de dollars en vendant ses actions avant la faillite.
Wendy Gramm, administratrice et actionnaire d'Enron, épouse du sénateur Phil Gramm, responsable du comité des banques au sénat, a présidé la commission du marché à terme des marchandises en janvier 1993, juste avant l'élection de Clinton et a fait pression sur lui pour que soit acceptée une requête d'Enron d'exempter les contrats à terme de contrôle étatique. Après quoi, elle a travaillé pour le comité exécutif d'Enron, qui lui a versé un million de dollars.
Robert Zoellick, représentant du Commerce des États-Unis, auprès de l'OMC notamment, est un ancien conseiller d'Enron.
Enron, c'est de la merveilleuse économie, concrète. C'est d'ailleurs ce qui se passe en France. En juin 2003, le gouvernement français a réformé le code des marchés publics, de façon à le rendre selon lui "plus efficace". La transparence a été réduite, la possibilité de collusion entreprise-administration française, limitée. Bref, la "lenteur" et la "lourdeur" de procédures qui s'efforçaient de réduire la corruption et le favoritisme ont été abolies. Les flambeaux de la "transparence" et de l'"étique" ne sont jamais tant agités que par ceux qui ont pêché en eau trouble et qui n'ont toujours eu que la cupidité comme morale. Les dictateurs adorent le mot "liberté" et lse mafieux celui d'"honneur".

Bernard Maris, Antimanuel d'Économie, tome 1.