26 février 2010

23 février 2010

16 février 2010

La méthode du double langage

En voulant mettre tout le monde dans sa poche, ne risque-t-on pas de se mettre tout le monde à dos ?
C'est ce qui devrait se passer pour Nicolas Sarkozy avec la théorie du "travailler plus, pour gagner plus" alors qu'il y a de plus en plus de chômage et d'emplois précaires, et le discours , certes pré-campagne, des fonctionnaires piliers de la Nation, alors que les suppressions de postes dans les services publics vont toujours bon train, et qu'ils sont maintenant accusés à mots cachés de tous les maux de la société ( crise économique, manque de productivité, baisse du pouvoir d'achat, diminution des aides sociales, ...). Notons que les suppressions de postes concernent peu les petits chefs qui appliquent les réformes droit dans leurs bottes et les chargés de mission, tous souvent cher payés par rapport au boulot effectué.
Mais malheureusement le peuple français est-il à même de se rendre compte de la filouterie du président, déjà élu par plus de 52 % des citoyens, alors que sa politique favorise à peine 10 % d'entre eux ? En effet la question du niveau moyen de réflexion du citoyen lambda reste une problématique à travailler. Il est malheureusement bien loin le temps où le peuple français défendait des valeurs humanistes reprises à travers le monde.

15 février 2010

Des avancées pour les retraites ?


L'heure de la retraite

Les retraites vont être un des grands sujets de l'année : lors de la dernière réforme, en 2003, rendez-vous avait en effet été pris pour 2010 afin de réajuster les dispositifs en fonction des évolutions constatées.

Dans un premier temps, le gouvernement avait même caressé l'idée d'une refonte complète. Il se serait agi de transformer le régime général, qui aujourd'hui accorde une pension au prorata des revenus touchés pendant les meilleures années de la carrière professionnelle, en un système par point, analogue à celui des régimes de retraite complémentaire, selon le modèle de la réforme des retraites suédoises décidée dans les années 1990 (1). Compte tenu de la dégradation de la situation économique et de l'ampleur des incertitudes qu'une telle révolution aurait suscitée, cette hypothèse semble désormais écartée.

L'autre possibilité, longtemps soutenue par la droite, mais aussi parfois par la gauche, consisterait à faire évoluer le système de retraite pour y introduire davantage de capitalisation, c'est-à-dire d'épargne individuelle encouragée par des avantages fiscaux en vue de la retraite, sur le modèle anglo-saxon. Les crises financières successives de 2000-2001, puis de 2008-2009 ont montré combien ces modèles étaient risqués et dangereux pour les salariés et les retraités. Mais ces déboires n'empêchent pas les partisans de la retraite par capitalisation de revenir toujours à la charge. Pour une raison simple : ce serait l'intérêt du secteur financier pour développer son business et les capacités de lobbying de ces acteurs restent considérables malgré la crise, compte tenu des profits toujours colossaux qu'ils engrangent... On peut espérer que les louanges de la retraite par capitalisation nous seront cependant épargnées au moins cette année, mais ce n'est pas sûr : les fonds de pension comptent en effet toujours de chauds partisans au sein de la majorité actuelle...

La négociation qui s'ouvre portera donc, a priori, surtout sur les paramètres habituels : niveau des retraites et des cotisations, durée de cotisation et âge minimal de départ en retraite. La crise a cependant profondément transformé le paysage par rapport aux négociations précédentes. Elle a en effet aggravé le déficit du régime du fait de l'évolution négative des cotisations. Tout en démentant les prévisions antérieures : avec le papy-boom enclenché en 2007 (60 ans après 1947 et le moment du démarrage du baby-boom d'après-guerre), l'hypothèse d'un recul rapide du chômage était envisagée. Or, nous ne sommes manifestement plus dans cette perspective.

D'où une négociation qui s'annonce très difficile. Les réformes antérieures ont déjà entraîné une baisse importante du niveau des retraites futures. Il serait déraisonnable d'aller plus loin sur ce plan. La question qui se pose est plutôt celle de la remontée des niveaux de retraite garantis par le système dans certains cas de figure, ainsi qu'une interrogation sur les règles d'évolution du niveau des pensions, une fois la retraite prise, très défavorable actuellement aux personnes âgées.

Du côté de l'allongement des carrières, le gouvernement souhaiterait aller plus loin que les étapes d'ores et déjà prévues. Mais dans un contexte de chômage de masse où les seniors se retrouvent fréquemment à la porte des entreprises avant même 60 ans, cela revient en pratique à amputer encore le niveau des retraites. De plus, à un moment où la jeunesse se désespère de voir les portes des entreprises (et de la fonction publique) se fermer devant elle, celle-ci recevrait probablement le signal très négativement si on accentuait encore l'allongement des carrières, comme si rien n'avait changé par rapport au temps où on menait cette politique au nom d'une future pénurie de main-d'œuvre...

Le gouvernement voudrait également relever l'âge légal de départ en retraite, actuellement à 60 ans. Mais ce seuil a une valeur symbolique forte, et ce changement toucherait surtout les salariés les moins qualifiés entrés sur le marché du travail très tôt. Alors que ce sont aussi souvent eux qui subissent les conditions de travail les plus difficiles et qui ont l'espérance de vie la plus courte. La question de la prise en compte de la pénibilité des tâches, non réglée depuis 2003 malgré les engagements pris à l'époque, sera d'ailleurs une des clés des compromis éventuels. Il ne faut jamais oublier en particulier dans ce dossier que, certes l'espérance de vie s'allonge, mais que l'espérance de vie « en bonne santé » (sans incapacité majeure) n'est toujours que de 64,2 ans pour les femmes et 63,1 ans pour les hommes, selon une note récente de l'Insee. Même s'ils meurent désormais fréquemment à 80 ans ou plus, les salariés ont en réalité toujours relativement peu de temps pour profiter vraiment de la retraite...

Reste enfin la question des cotisations. Le patronat ne veut pas entendre parler de hausse et le gouvernement ne l'envisage pas pour l'instant. Même s'il faut être prudent tant que la crise dure, c'est pourtant à moyen terme un paramètre sur lequel il faudra bien jouer. En particulier pour boucher les multiples « niches sociales », régulièrement dénoncées par la Cour des comptes, notamment toutes celles qui sont liées au développement des rémunérations sous forme d'intéressement, participation et autres stock-options...

Redonner confiance aux Français dans l'avenir de leur système de retraite, dans sa capacité à assurer leurs revenus futurs n'est pas simplement un impératif social et politique, c'est aussi un enjeu économique essentiel dans le moment présent. En effet, si la négociation à venir échouait sur ce plan, et si les Français(es) en tiraient comme conclusion qu'ils n'auront probablement pas de retraite suffisante dans dix ou vingt ans, ils se mettront à épargner encore plus qu'aujourd'hui, et l'activité économique, loin de repartir, sera encore plus durablement anémiée...

Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques, 21 Janvier 2010

L'altruisme



Pourquoi, si la concurrence conduit au nivellement, à la massification, à la grisaille où tout est argenté et gris de la triste couleur de l'argent, l'humanité a-t-elle faut tant de progrès, au moins techniques ? Si Homère est la preuve que le progrès littéraire n'existe pas et Aristote qu'il n'y a pas de progrès philosophique, le décryptage du génome et bientôt son découpage en rondelles afin de le breveter, montrent bien que la "compétition" ne tire pas systématiquement l'humanité vers la bas. La science (la vraie, pas celle économique), bien que dangereuse et peut-être folle, est néanmoins la preuve du progrès d'une certaine connaissance.

D'où vient ce progrès ? De Darwin. mais attention, de l'autre Darwin : du vrai, pas de celui, ridicule, récupéré par l'économie dans le darwinisme social de la concurrence. "Quant à nous, hommes civilisés, nous faisons au contraire tous nos efforts pour arrêter la marche de l'élimination: nous construisons des hôpitaux pour les idiots, les infirmes et les malades; nous faisons des lois pour venir en aide aux indigents ; nos médecins déploient toute leur science pour prolonger autant que possible la vie de chacun ..." Qui écrit cette phrase insupportable pour un ami de l'eugénisme et du darwinisme social ? Darwin lui-même. le critère de l'humanité, précisément, est qu'elle protège les faibles. Elle est la seule espèce à la faire. La vaccination a protégé des milliers d'individus qui, faibles de constitution, auraient autrefois succombé à la variole. La médecine s'efforce de réduire la douleur (quelque chose de "naturel" s'il en est), de prolonger la vie de gens inutiles comme les personnes âgées. Quel critère antiéconomique! Philip Morris, grande multinationale, conseillait le 26 juillet 2001 à la république tchèque d'éviter une loi type Evin qui réduirait le nombre des fumeurs... Au motif que c'est antiéconomique. Un fumeur meurt jeune, cotise toute sa vie. Une loi anti-tabac, calculait Philipp Morris, coûterait 17,4 millions d'euros à la République tchèque, soit 1227 dollars par chômeur. Et avec beaucoup d'humour économique, la multinationale montrait un cadavre de morgue avec l'étiquette "1227 dollars" au pied!

Prolonger la vie des personnes âgées est antiéconomique. Gérard Debreu, prix Nobel, économiste mathématicien, qui était interrogé par une chaîne de télé en janvier 1988 sur la santé de l'économie française (qui pouvait alors imaginer qu'il ignorait ce qu'était une économie réelle et qu'il ne faisait que de la "théorie"?), finit par déclarer, à propos de santé : "Le devoir d'un économiste est d'informer que le droit à la vie ne peut être toujours assuré pour des raison de coût." C'est beau, le devoir d'un économiste, non? Philip Morris étudiait les économies de santé dues à une mortalité précoce. Or l'humanité a toujours fonctionné à l'inverse de Philip Morris: elle a toujours protégé les inutiles.

L'humanité est altruiste, c'est même ce qui, avec le langage, la distingue totalement de la plupart des autres espèces, purement instinctives et égoïstes. Il faut donc émettre l'hypothèse que l'altruisme, contrariant les effets délétères de la concurrence et de la compétition, provoque le progrès, médical notamment. La concurrence tire la société vers le bas tandis que l'altruisme la tire vers le haut : que le meilleur gagne! Comment l'humanité a-t-elle lutté contre les calamités, les guerres, les peste? "C'est grâce à son intelligence, qui lui confère une extraoordinaire aptitude à la sociabilité et à la communication, que le sapiens put, malgré sa faiblese consrtitutionnelle, franchie toutes les étapes les plus périlleuses de son histoire... par une coordination de tous vers le même but. Tous ces redressements eussent été impossibles dabs une foule de solitaires (Jacques Ruffié)." Nous touchons du doigt le nœud du fonctionnement social : égoïste d'un main, l'homme est altruiste de l'autre! Perso, il est collectif!

Penons la cas de la recherche, la recherche savante. Lors d'un colloque, un chercheur donne des résultats, d'autres l'écoutent et lui en communiquent en retour. Tout est gratuit. Certes, ces chercheurs iront peut-être ensuite monnayer leur savoir dans un labo pharmaceutique. Peut-être. mais ce qui est essentiel, c'est l'acte lui-même, qui est antiéconomique et que l'économie ne peut pas comprendre : je donne quelque chose qui m'appartient, mon savoir, et pourtant je ne perds rien ! Et en échange je reçois quelque chose de quelqu'un qui n'a rien perdu non plus! Et dans cette gratuité, nous sommes plus riches à l'arrivée l'un et l'autre. Tout simplement impensable, pour le marché, où ce qui est à moi n'est pas à toi! Mon litre d'essence n'est pas le tien. D'ailleurs, c'est ma bagnole. Et dans ma bagnole, il y a mon essence. Mais le langage, la pensée, la recherche, la découverte, l'invention appartiennent à tous, même si le marché s'efforce de mettre des péages sur les découvertes.

Et nous revoici plongés au cœur de l'économie. Car de ce cœur découle la question de la rareté. Le problème économique est engendré par la rareté et la propriété qui sont des richesses rares à partager. mieux vaut les partager par le marché et la contrat que par la violence, nous dit l'économiste. Certes, à condition que le contrat ne soit pas léonin, que l'échange n'entraine pas la guerre, etc. Nous retrouverons d'ailleurs ces questions avec le commerce international. Mais la rareté, c'est exact, engendre la concurrence et la lutte. Or les hommes sont capables d'aller "au-delà de la rareté", par le savoir, l'échange altruiste, la connaissance... Voilà une porte de sortie optimiste que nous ouvrirons à l afin de cet Antimanuel : et si la rareté, et avec elle l'économie, la concurrence et le nivellent par le bas, n'étaient pas notre destin ?
Bernard MARIS, L'Antimanuel d'Économie.

En attendant le printemps


Bonnard, L'amandier en fleurs, 1946

14 février 2010

Nos enfants nous accuseront

La loi de Say


Say a proposé une loi de l'équilibre automatique, que l'on peut résumer ainsi : "L'offre crée sa propose demande." Si offre il y a, demande exactement compensatoire il y aura, donc équilibre et harmonie. La loi de Say est un principe redoutable de bon sens, et extrêmement puissant. Je fabrique des voitures; Donc je paie des salaires à de la main-d'œuvre.Cette main d'œuvre achète du pain et des voitures. or les offreurs de pain aussi payent des salariés qui achètent du pain et des voitures. Vu du côté travail, la loi dit : j'offre mon travail, donc je rencontrer des demandeurs de travail pour faire du pain et des voitures. Au bout du compte, sur tous les marchés, pain, voitures et travail, les offreurs rencontreront des demandeurs. la loi de Say décrit l'équilibre général de Walras ainsi qu'un bouclage fondamental du circuit économique : si je fournis des voitures, il faut que je les vende, sinon la crise, la faillite me guettent. Si je paye les salariés, ils achèteront mes voitures. offre, demande. John Ford ne disait pas autre chose avec sa maxime : "je paye cher mes salariés, pour qu'ils achètent mes t-4, de la couleur de leur choix, à condition qu'elle soit noire". Il décrivait l'équilibre sain d'une économie : une offre doit être écoulée, une demande doit être satisfaite.
Keynes a écrit son œuvre majeure (la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936) pour se battre contre la loi de Say. il disait : regardez, il y a du chômage, c'est que la loi de Say ne fonctionne pas. A cela, Say et ses épigones ont une réponse imparable : laissez faire, elle fonctionnera tôt ou tard. Tôt ou tard. Les chômeurs seront demandés par d'autres entreprises. Parce que les salires vont baisser, donc la main d'œuvre sera bon marché, donc etc. Et si les salaires ne baissent pas, c'est qu'il y a des entraves à la fluidité du marché du trvail, des mafias syndicales, des salaires minima, des interdictions de licenciements, de liberté de circulation de la main d'oeuvre entre les pays. Laissez faire, laissez passer, et tôt ou tard, vous verrez ce que vous verrez. Keynes répondant : "Tôt ou tard, je serai mort." Dans le long terme nous serons tous morts.
La loi de Say fonctionne particulièrement bien pour le crédit. J'emprunte, donc tôt ou tard je rembourserai. Offre égale demande. Équilibre. Tout crédit est suivi d'un remboursement. Oui, mais si entre-temps l'emprunteur est mort, si le crédit se transmet de génération en génération comme dans les pays d'usure... Chut. Tôt ou tard.
Que peut-on dire contre la loi de Say ? Rien. Si vous dites, oui, mais le chômage ... on vous répond aussitôt : marché du travail pas assez fluide, flexible, rigidités sociales qui empêchent l'équilibre. Dégraissez-moi tout ça, supprimez la loi, sociale ou autre, et vous allez voir ce que vous allez voir. C'est exactement ce que disaient les communistes : ça ne marche pas ? C'est parce qu'il n'y a pas assez de communisme! Trop de résistance de la réalité au mythe! C'est ça, le libéralisme : adapter la réalité au mythe. Comme le mythe ne peut avoir tord, c'est la réalité qui a tort. Un jour, Maurice Allais se moqua d'un prix Nobel d'économie dont on taora ole nom, en lui faisant un test qui déontrait qu'en situation d'incertitude les agents économiques étaient irrationnels. Que répondit-il ,"C'est pas la théorie qui est fausse, c'est la réalité.
Bernard MARIS, L'Antimanuel d'Économie, Editions Bréal.

3 février 2010

Que faut-il enseigner ?


Ces pensées nous conduisent aux programmes de sciences économiques et sociales. On me reproche souvent : "Mais, vous, totalement critique, qui n'arrêtez pas de fustiger l'économie et les économistes, que pouvez-vous bien enseigner ?" Je réponds "d'abord, l'histoire économique". Et avec quel plaisir! Les faits économiques. On peut raconter l'affaire Enron de deux façons :
1) comme une affreuse histoire de malhonnêteté, de transparence non respectée, de dissimulation, d'asymétrie d'information, et envoyer à la face des ignorants une volée d'équations de la théorie de l'information. On peut geindre sur l'"étique des affaires", sans se rendre compte qu'on pleurniche sur une oxymore;
2) on peut aussi raconter l'histoire d'Enron- et elle devient passionnante- commecelle de la politique énergétique des États-Unis et des relations du parti républicain avec certains milieux d'affaires; également comme l'histoire des pratiques des banques d'affaires, des analystes, des agences de notation, et même des journalistes! Il y a de quoi faire!
Ensuite, un économiste doir raconter l'histoire sociale. Evoquer l'économie indépendamment de la sociologie, de la psychologie, de l'anthropologie est un leurre pour laisser croire que l'économie est la matrice, la science supérieure, le moule explicatif dans lequel doit se dissoudre la complexité sociale. Heureusement les programmes du secondaire font (encore) beaucoup de place aux disciplines analysant la société. Le secondaire enseigne les "sciences économiques et sociales" : on démarre avec max Weber, on n'oublie pas Marx et on consacre beaucoup de temps à ce que l'on appelle le lien social, avec ses conflits, ses inégalités. On réfléchit sur le travail, la richesse. Dans l'enseignement supérieur, tous ces mots disparaissent et sont remplacés par de signes, des graphiques, des équations. Il ne s'agit plus de dire ce qui est, mais ce qui doit être : l'économie de marché. A l'esprit de finesse, lié à la pluridisciplinaritédu champ secondaire, succède l'esprit de géométrie, qui ne prétend plus comprendre le monde, mais le métrer, le formater selon le calcul économique et l'idéologie du calcul. Pourquoi ? pour fabriquer de bons petits soldats de la "Guerre économique", cette guerre de tous contre tous qui vous occupera le longues années avant une maigre retraite. Certes, de jeunes professeurs dénoncent (enfin!) cet "autisme" de l'enseignement universitaire. Mais "la tendance est lourde", comme dirait l'autre (économètre) ! En 2003, un changement de programme, le douzième en 10 ans, prévoit de privilégier, en supprimant certains auteurs du programme, comme Pierre Bourdieu, "une approche normative des objets d'études au détriment des questionnement". L'économie dir ce qui doit être, et non ce qui est. Alors, ojo ! Ouvrons l'œil. Dans le monde des comptes, il ne faut pas s'en laisser conter; et inversement.
Bernard MARIS, Antimanuel d'économie,tome 1, Editions Bréal, 2003.

PS : Depuis les dirigeants français essaient même de diminuer, voire supprimer, les sciences économiques et sociales du secondaire.

1 février 2010

Les fabuleuses statistiques


-Camarades! cria une jeune voix ardente. Attention, camarades! Nous avons une grande nouvelle pour vous. Nous avons gagné la bataille de la production! Les statistiques, maintenant complètes, du rendement dans tous les genres de produits de consommation, montrent que le standard de vie s'est élevé de rien moins que vingt pour cent au -dessus du niveau de celui de l'année dernière. Il y a eu ce matin, dans l'Océania, d'irrésistibles manifestations spontanées de travailleurs qui sont sortis des usines et des bureaux et ont défilés avec des bannières dans les rues. Ils criaient leur gratitude à Big Brother pour la vie nouvelle et heureuse que sa sage direction nous a procurée; Voici quelques-uns des chiffres obtenus : Denrées alimentaires ...

La phrase, "notre vie nouvelle et heureuse", revint plusieurs fois. C'était, depuis peu, une phrase favorite du ministère de l'Abondance. Parsons, son attention éveillée par l'appel du clairon, écoutait bouche bée, avec une sorte de solennité, de pieux ennui. Il ne pouvait suivre les chiffres, mais il n'ignorait pas qu'ils étaient une cause de satisfaction [...]

Les fabuleuses statistiques continuaient à couler du télécran.

George Orwell, 1984.

Et demain ?


Je ne suis pas un leader syndical, ni un chef de mouvement de libération, mais un intellectuel aux moyens d'influence limités.
Mon livre pose un diagnostique.
La destruction de l'ordre cannibale du monde est l'affaire des peuples. La guerre pour la justice sociale planétaire est à venir.
De quoi seront faites les victoires , les défaites , Quelle sera l'issue de cet ultime combat ? Personne aujourd'hui ne connaît les réponses.
Une conviction toutefois m'habite.
Tous ces combats à venir feront écho à cet appel de Gracchus Babeuf, le chef de la conspiration des Egaux, porté ensanglanté à l'échafaud le 27 mai 1797 : "Que le combat s'engage sur le fameux chapitre de l'égalité et de la propriété ! que le peuple renverse toutes les anciennes institutions barbares! que la guerre du riche contre le pauvre cesse d'avoir ce caractère de toute audace d'un côté et de toute lâcheté de l'autre! [ ... ] Oui, je le répète, tous les maux sont à leur comble, ils ne peuvent plus empirer. Ils ne peuvent se réparer que par un bouleversement [...]. Voyons le but de la société. Voyons le bonheur commun, et venons après mille ans changer ces lois grossières".
Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies de 2000 à 2008, actuellement membre du comité consultatif du conseil des droits de l'homme des Nations unies. dans L'Empire de la Honte.