24 juin 2010

Guillon prend le Porte et s'en Val sans Hess cause.


ça y est. Enfin l'humour a disparu de France Inter. Après les chaines de télé, voilà une autre radio qui va devenir sinistre. Les humoristes Guillon et Porte partis, il ne reste plus qu'à s'attaquer à ceux qui ne pensent pas néolibéralisme à tout bout de champ. Daniel Mermet gare à toi !

20 juin 2010


Quels seront les effets du report de 65 à 67 ans de l'âge de départ à la retraite à taux plein ?

Il pénalise tous ceux qui n'ont pas de carrière complète, à commencer par les femmes et tous ceux, de plus en plus nombreux, qui ont eu des carrières accidentées. En pratique, une bonne part de ces personnes seront trop fatiguées pour travailler jusqu'à 67 ans et subiront donc une réduction sévère du montant de leur pension.

Cette réforme ne consiste-t-elle pas simplement à aligner l'âge de départ à la retraite sur celui de nos voisins européens ?

Ce n'est pas si simple. Certes, la plupart de nos voisins ont décidé de repousser l'âge de la retraite, mais à un rythme généralement deux à quatre fois plus lent. Au Royaume-Uni, par exemple, il est envisagé de travailler jusqu'à 68 ans, mais en… 2046. Il faut savoir, en outre, que la France deviendrait le seul pays à imposer conjointement un report de l'âge légal de départ, un report de l'âge où le taux plein est de droit, et un allongement de la durée de cotisation exigée. Ce qui fera du système français un des plus durs d'Europe. Les durées de cotisations exigées chez nos voisins sont dans l'ensemble plus réduites : ainsi, en Allemagne, on peut aujourd'hui partir avec une retraite à taux plein à 63 ans avec 35 ans de cotisations seulement ! Et nombre de pays reconnaissent bien plus généreusement l'invalidité des salariés âgés à l'approche de la retraite : alors que seuls 3,9 % des seniors sont dans ce cas en France, ils sont 12,9 % aux Pays-Bas et 15,8 % au Danemark, deux pays pas vraiment réputés pour la dureté de leurs conditions de travail, en comparaison de celles observées en France !

Quel est l'objectif réel du gouvernement ?

Le gouvernement a voulu témoigner de sa volonté de rééquilibrer rapidement les comptes sociaux, dans un moment où, du fait de la crise, le crédit de la France est menacé. Il aurait pu atteindre le même résultat en augmentant temporairement les prélèvements sur les plus aisés pour rétablir l'équilibre des comptes publics. Il a choisi au contraire de réduire les droits des moins favorisés sans résoudre pour autant l'équilibre à long terme des régimes de retraite.

Philippe Frémeaux | Article Web - 18 juin 2010/ Alternatives Économiques

14 juin 2010

la droite s'attaque au sytème


Quand la droite revient au pouvoir, elle décide qu’il est temps désormais de passer à l’action. Dans la torpeur de l’été 1993, sans la moindre concertation avec les partenaires sociaux, le gouvernement Balladur adopte la plus vaste réforme du régime général jamais entreprise, par décret ! Officiellement, l’âge de la retraite reste inchangé à 60 ans. Mais tout aboutit à miner de l’intérieur cette disposition, car la durée de cotisation pour obtenir une retraite complète passe de 37,5 ans à 40 ans. Le salaire annuel moyen, qui sert de base au calcul de la pension, n’est plus calculé sur les 10 meilleures années mais sur les 25. Enfin, l’indexation des retraites ne se fera plus sur l’évolution des salaires, mais sur les prix, ce qui coupe les retraités de toute la croissance future du pays.

Dans la foulée, le patronat impose en 1996 une réforme des caisses complémentaires (AGIRC, ARRCO), auxquelles chacun cotise en fonction de sa catégorie, accumulant des points pour sa retraite. Pour éviter une augmentation des cotisations, le patronat obtient que la valeur du point soit calculée à l’avenir en fonction de l’indice des prix, tandis que les cotisations sont calculées sur les salaires. Cette différence de mécanisme permet de réaliser instantanément des économies substantielles. La mesure devait n’être que provisoire, le temps de redresser les comptes des caisses complémentaires. Treize ans après, elle est toujours en vigueur.

Des économistes ont chiffré par la suite le coût de ces réformes. Selon l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), la réforme Balladur a provoqué dans le temps une baisse de l’ordre de 36 % du niveau des retraites, en raison du changement du mode de calcul. De 1990 à 2006, le « taux de remplacement » - c’est-à-dire le montant de la retraite (régime général+ Caisses complémentaires ) comparé au revenu en activité – est passé de 85 % à 73 % pour les non-cadres, de 78 % à 58 % pour les cadres. Le seul changement d’indexation sur les prix a fait perdre 12 % de pouvoir d’achat aux retraités en dix ans.

Parallèlement, les gouvernements ont multiplié les mesures d’exemption fiscale pour inciter les Français à se constituer une retraite personnelle. Dès 1994, la loi Madelin instituait des fonds de pension totalement défiscalisés pour les artisans et les commerçants. Les programmes d’assurance retraite étaient vivement encouragés, bénéficiant de largesses fiscales, tout comme les plans d’épargne et de retraite d’entreprise. Les riches et les plus avisés en profitent, les autres ...

Sur ces épargnants avisés soutenus à grands frais par la collectivité, pas un mot ne sera prononcé. En revanches, les fonctionnaires et les bénéficiaires des régimes spéciaux n’éviteront pas la stigmatisation. La réforme Balladur a de fait aggravé l’écart entre le régime général et celui de la fonction publique, qui en contrepartie de salaires moins élevés bénéficie de conditions de retraite plus avantageuses. La droite ne se privera pas de mettre du sel sur les plaies, en pointant du doigt les « privilèges » des fonctionnaires qui ont en plus la garantie de l’emploi. En 1995, le gouvernement Juppé tente d’imposer l’alignement de leurs régimes sur celui du régime général. Au bout de cinq semaines de grève, marqué par une paralysie totale des transports, il doit renoncer. En 2003, François Fillon, alors ministre des Affaires sociales, réussit partiellement là où son prédécesseur avait échoué : il impose 40 ans de cotisations pour tous en 2008 et 41 ans à partir de 2012, mais la référence pour le calcul de la retraite des fonctionnaires reste les six derniers mois de carrière et non 25 ans comme pour le régime général. En 2008, Xavier Bertrand, ministre des Affaires sociales, complète le dispositif en alignant à leur tour les régime spéciaux (SNCF, RATP, etc.) sur la norme commune. A l’usage, il se révèle que les compensations qu’il a fallu accorder coûteront plus cher que le maintien en l’état des régimes. Mais qu’importe ! Nicolas Sarkozy voulait cette victoire politique, quel qu’en soit le prix.

Aujourd’hui, le système français de retraite ressemble à un paysage dévasté. C’est le temps du chacun pour soi. Tous les mécanismes de solidarité nationale et entre les générations ont été cassés. « Le système est devenu opaque et illisible », notaient en 2008 les économistes Antoine Bozio et Thomas Piketty : « Ce système où chacun suspecte les autres de mieux tirer parti que lui-même des avantages en vigueur finit par miner le consensus démocratique autour de la retraite ». La suspicion règne. Les cotisations sont assimilées à u impôt supplémentaire, sans réelle contrepartie. Personne n’est capable de dire quelle retraite il va toucher, encore moins d’avoir la moindre garantie sur l’avenir. Les difficultés de plus en plus grandes rencontrées par nombre de retraités, la paupérisation réelle de nombre d’entre eux sont, pour beaucoup, la face émergée du péril à venir.

Avant même la crise financière, Nicolas Sarkozy et François Fillon avaient inscrit dans leur programme une nouvelle réforme des retraites. La crise financière, la dégradation à vue d’œil des comptes sociaux la rendent encore plus obligatoire selon eux. Que préconisent-ils ? Une refondation du système en s’inspirant du modèle suédois, par exemple ? Pas du tout. Un remise en ordre des exemptions et niches fiscales accordées aux particuliers et aux entreprises, qui coûtent plus de 20 milliards d’euros par an à la Sécurité Sociale, dont 4 milliards environ au seul système de retraite ? Pas plus. Dans l’esprit du gouvernement, il ne peut s’agir que d’approfondir le sillon déjà tracé : pour répondre à l’allongement de la durée de la vie et rétablir l’équilibre du système, l’âge de la retraite doit être reculé de 60 à 65 ans, voire 67 comme en Allemagne ; et la durée des cotisations doit être allongée de 41 à 43 ans, peut-être 45. Une réforme qui répond en tout point aux grandes lignes arrêtées par la Commission européenne en 2002, lors du sommet de Barcelone.

En 2010, pour répondre à l’exclusion constante des salariés les plus âgés du monde de l’entreprise, le gouvernement à déjà un projet : il se propose d’instituer des contrats à durée déterminée pour les salariés de plus de 55 ans, afin de leur permettre de continuer à travailler tout en touchant leur retraite. Au risque de créer une nouvelle catégorie : les vieux précaires. De même, il sera quasiment impossible de toucher une retraite à taux plein si la durée de cotisation est repoussée à l’infini. Là aussi, le gouvernement a une réponse : renforcer l’épargne personnelle et favoriser enfin l’émergence des fonds de pension (français) qui n’arrivent toujours pas à voir le jour.

Face à ce programme qui parachève l’entreprise de démolition du système conçu soixante-cinq ans plus tôt par le programme du CNR, aucun contre-projet, aucune contre-proposition, ne semble émerger dans le monde politique. La question de la solidarité nationale reste à réinventer.

Martine Orange, co-auteur de « Les jours heureux : le programme du Conseil National de la Résistance », ouvrage intéressant pour savoir quand et comment ont été constitués les valeurs et les structures sociales et publiques de la France, et comment depuis deux décennies principalement les politiques, surtout de droite mais pas que , démolissent ces acquis et la notion de solidarité dans notre pays, au profit d’une minorité bourgeoise et ultra libérale.

9 juin 2010

Bourrage de classes


"Mobiliser les gisements d'efficience"? En clair, sabrer les effectifs de profs...
Figurez-vous qu'à l'Éducation Nationale on va "mobiliser les gisements d'efficience". Mais oui. Rien à voir avec les annonces de la semaine dernière, concernant de sympathiques expérimentations des rythmes scolaires dans une centaine de lycées et collèges : cours le matin, sport l'après-midi. Disert, citant Coubertin et Juvénal, notre sémillant ministre nous faisait rêver, imaginant nos chers petits passant joyeusement de la gym-cerveau à la gym tout court, abandonnant compas et règles de grammaire pour se jeter sur leurs raquettes de badminton. Des têtes bien faites dans des corps de rêve, une vraie pub pour une marque de cosmétiques.

Cette semaine, le ton est moins badin, et pour cause. L'info sort, brute de décoffrage, sans coiffure, ni maquillage, d'un document interne, confidentiel, et qui aurait dû le rester. De l'administration centrale à l'ensemble des académies, chacun est donc invité à retrousser ses manches et à plonger ses mains dans le cambouis des "gisements d'efficience" Quel nectar que cette novlangue technocratique, quelle fascinante perversité que cette opaque brutalité! De quoi s'agit-il en effet ? tout simplement de chercher, par tous les moyens, partout où c'est possible, du primaire jusqu'au lycée, des postes d'enseignants à supprimer. Pour tenir, coûte que coûte, l'objectif gravé dans le marbre par notre président de la République, son totem, son Graal : celui du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Qu'il faille sans doute mieux gérer les moyens de l'Etat, on en convient. Mais peut-être faudrait-il le faire avec une nuance, établir des hiérarchies, définir des priorités ? Sanctuariser, par exemple, le domaine de l'éducation, dont l'enjeu pour l'avenir est évident. Mais rien de tout ça. Cette règle est élevée au rang de dogme intangible.

Aujourd'hui, au ministère de l'Education nationale, l'horizon indépassable, le grand dessein, c'est de diminuer les effectifs. 49 400 postes ont déjà été supprimés depuis 2007, soit 6% des effectifs. L'objectif est d'en trouver 16 000 pour 2011. Alors on "mobilise les gisements d'efficience" et on "optimise", comme on dit au ministère, qui suggère, dans sa note confidentielle, des pistes pour faire des économies. D'abord bourrer les classes "afin d'optimiser les moyens d'enseignement". Et qu'importe si une étude, commandée à l'économiste Thomas Piketty en 2006, montre que le nombre d'élèves par classe influe directement sur les résultats scolaires. Dans le même esprit, il est conseillé de profiter au mieux de la réforme du lycée, celle-ci offrant, selon le ministre, "des possibilités significatives d'optimisation aux établissements", c'est-à-dire de regroupement des élèves de séries différentes dans une même classe pour les matières du tronc commun. "Optimisation" encore en matière de remplacement des profs absents, en recourant à des vacataires, "une ressource plus flexible" et qui coûte moins cher. "Optimisation" enfin, en se passant des Rased, ces enseigants spécialisés dans l'aide aux élèves en difficulté. Ou encore des assistants étrangers en langues - les langues, quelle importance ? Bref, de l'"optimisation" qui risque de virer à la démoralisation des enseigants et des parents. Il va y avoir du sport à l'école, écrivons-nous. On ne croyait pas si bien dire.

Michel ABESCAT, Télérama du n°3152, du 9 juin 2010.


Rased Rasé ?
"La question des moyens n'est pas la réponse aux problèmes de l'Éducation nationale aujourd'hui", a dit monsieur Chatel, ministre de l' Education nationale pour justifier les suppressions de poste. Et il ajoute : "adapter nos moyens à la réalité des élèves de chaque école, c'est ce que nous demande la Cour des comptes". Mais monsieur Chatel a une lecture très sélective car il oublie de dire que dans ce même rapport la Cour des comptes recommande d'"accroître la part des financements allouée à l'école primaire en privilégiant le traitement de la difficulté scolaire". Ce doit être pour cela que monsieur le Ministre envisage de supprimer les Rased (réseaux d'aides spécialisés aux élèves en difficultés), des postes en maternelle et en élémentaire ...
F. Alfonsi, courriel Télérama.


Oui où ?
Le ballon rond passe avant le "social". Miroir aux alouettes pour endormir le petit populo. Douze villes de France concernées. Combien de millions d'euros investis pour remplir des stades ? rien pour les crèches, l'education nationale, la recherche médicale, etc., qui représentent l'avenir. Où est la "crise" ?
M.O.Braschi, courriel Télérama