Gageons que, pour calmer un peu le populo mécontent, les syndicats les plus institutionnalisés, faisant désormais partie, aux côtés de la droite et de la "gauche" social-démocrate, d'un bloc de pouvoir unifié de fait par-delà ses divisions secondes, organiseront quelques innocentes marches, si possible un jour de soleil, entre République et Nation, peut-^tre même des piques-niques. Il est cependant possible que l'option "promenade urbaine" ne soit plus suffisante et que le populo en question, un peu las de se promener, finisse par trouver qu'il en a également assez de se sentir promené.
Sans préjuger de ce qui pourrait se passer alors, et dont les Grecs nous donnerons peut-être bientôt un avant-goût, il est utile de se souvenir qu'un groupe qui n'est pas naturellement méchant ne le devient jamais autant qu'à force d'avoir été maltraité et surtout de se retrouver dans une situation de laquelle on ne cesse de lui répéter qu'il n'y a aucune issue- aucune autre que celle qui le maltraite. D'autres issues, il y en a (lire "Si le G20 voulait ..." et "Au-delà de la Grèce : déficit, dettes et monnaie", La pompe à phynances, blog.mondediplo.net, 18 septembre 32009 et 17 février 2010. ) Présentées avec un peu de fermeté, elles pourraient même prendre l'allure d'un contre-choc.
Frédéric LORDON, Le Monde diplomatique, mars 2010.
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