18 décembre 2010

LE CONSEIL EUROPEEN ENTEND CONSTITUTIONNALISER LA REGRESSION SOCIALE


Réaction au sommet européen des 16-17 dec.2010

Par Jacques GénéreuxDébat européen • Vendredi 17/12/2010

Le dernier sommet européen confirme sans surprise la stratégie insensée poursuivie par les gouvernements de la zone euro, depuis le déclenchement des attaques spéculatives contre la dette grecque. Au lieu de protéger la zone euro et les peuples européens contre les méfaits de la spéculation, ces gouvernements entendent préserver le pouvoir des marchés financiers pour forcer les États récalcitrants à faire converger leurs politiques vers la régression des services publics et des droits sociaux. Au lieu de stopper net la spéculation, en reprenant le contrôle des mouvements de capitaux, l’Union européenne, associée au FMI, instrumentalise la pression des spéculateurs pour forcer les États en difficulté à s’engager dans une cure d’austérité et faire payer au salariés la crise nourrie par la libéralisation financière. Le mécanisme temporaire imaginé pour le sauvetage de la Grèce, visait uniquement à sauver les banques, en faisant payer le prix fort au peuple Grec, en soumettant le gouvernement grec à la tutelle de la Commission et du FMI. Pour mieux rassurer les marchés, l’UE s’est ensuite engagée dans un vaste plan de rigueur coordonné.

Le dernier sommet européen a décidé d’inscrire dans les traités cette manière de gérer les crises financières, en transformant une option temporaire en mécanisme permanent, en renforçant la surveillance préalable des politiques nationales et les sanctions infligées aux États qui s’écarteraient du dogme. Il s’agit d’ôter aux politiques économiques nationales le seul espace de souveraineté jusqu’ici préservé - celui de la politique budgétaire -, en sorte qu’ils ne disposent plus que du dumping social et fiscal pour affronter la libre concurrence et « séduire » les investisseurs. C'est là une façon de constitutionnaliser la régression sociale.

Ainsi, l’Europe est en train de subir le sort que le FMI a réservé aux pays pauvres à la suite de la crise de la dette des années 1980 : les fameux « plans d’ajustements structurels », grâce auxquels les riches du Nord ont imposé leur modèle aux pauvres du Sud. Avec cette différence redoutable que les européens ne sont pas victimes d’une domination étrangère, mais d’un asservissement imposé par leurs propres gouvernements.

Cette politique n’est pas soutenable. En imposant la rigueur généralisée à des pays déjà touchés par le ralentissement de l’activité et la montée du chômage, elle prépare une récession générale et durable en Europe, qui ne fera qu’aggraver le déséquilibre des finances publiques et le risque de défaut sur les dettes souveraines. Elle prépare donc seulement une crise encore plus grave, dont on ne pourra pas davantage sortir par une nouvelle saignée des dépenses sociales, des salaires et des biens publics. La tolérance des peuples à cette rigueur suicidaire a une limite. Les spéculateurs le savent bien d’ailleurs, et c’est pourquoi de nouvelles attaques spéculatives contre la dette publique se répèteront indéfiniment tant que les États ne fermeront pas le terrain de jeu de la spéculation.

Une autre politique est possible et deviendra de toute façon bientôt inévitable. A titre de mesure d’urgence minimale, le conseil européen aurait pu envisager d’interdire l’usage des instruments de spéculation contre les titres de la dette publique (vente à terme et à nu, achat de CDS par des investisseurs ne détenant pas d’obligations). Mais au-delà, la solution durable à la crise de la dette passe par les mesures suivantes :

- restructuration de la dette existante ;

- renationalisation du financement de la dette publique, en réservant les émissions de titres publics aux seuls investisseurs résidents de l’UE ;

- contrôle public des mouvements de capitaux avec les États non-membres de l’UE ;

- pourcentage minimum de détention d’obligations publiques à l’actif des banques et des fonds d’investissements ;

- intervention de banques publiques et de la Banque centrale européenne pour participer directement au financement des besoins publics ;

- suppression de la dépense fiscale qui grève les déficits publics et développement des ressources fiscales prélevées sur les hauts revenus, les revenus du capital et les transactions financières ;

- lutte contre le surendettement privé par la revalorisation des salaires et l’encadrement réglementaire du crédit à la consommation.

En sus des mesures propres à assurer un financement sécurisé, durable et équilibré des biens publics, la zone euro n’est soutenable à terme que si elle engage une stratégie de convergence progressiste des politiques économiques et sociales, à l’opposé de la stratégie actuelle de convergence régressive.

11 décembre 2010

John Perkins : les Assassins Economiques


John Perkins : Les Assassins Economiques [VOSTFR]
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Le retour de l’endettement public


Aujourd’hui, l’Etat reste, à travers les OAT (obligations assimilées du Trésor, bons un peu plus sophistiquées), le débiteur du système bancaire. La dette publique française, qui atteignait 65 % du PIB en 2005, obligeait l’Etat à consacrer plus de 12 % de ses impôts au remboursement. Les Français (tous, et surtout les plus modestes, quand on sait que la fiscalité est essentiellement indirecte à travers la TVA, la Tipp, ou proportionnelle, à travers la CSG) remboursent les prêteurs, en général les gens fortunés.

Etat endetté, Etat soumis.

La grande victoire de la révolution bourgeoise avait été de transformer l’Etat régalien, dispendieux et méprisant de ses créanciers, en débiteur régulier et honnête, en bon débouché de l’épargne bourgeoise. Les deux guerres mondiales avaient redonné à l’Etat son rôle régalien, de meneur de guerre au prix d’un endettement considérable des nations. Le problème des réparations allemandes, la dette de guerre des vaincus de 1914-1918 envers les Alliés, avaient empoisonné les relations politiques de l’entre-deux-guerres, et conduit, selon certains, au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Mais celle-ci terminée, vainqueurs et vaincus avaient assez vite épuré leur dette grâce à une croissance économique exceptionnelle, accompagnée d’une inflation non négligeable qui eut pour effet de gommer automatiquement la valeur des créances.

Mais voici qu’à partir des années 1970, la dette publique des nations explose à nouveau. Les Etats empruntent de sommes considérables pour payer leurs déficits. Ils émettent des obligations, c’est-à-dire des reconnaissances de dette à moyen et long terme. Ils renouvellent constamment le stock d’obligations. Le marché obligatoire devient extrêmement volumineux à côté du marché des actions. Aujourd’hui, le service de la dette (la paiement des intérêts et le remboursement d’une partie du principal) absorbe près du quart des recettes budgétaires des grands pays (en France, la quasi-totalité de l’impôt sur le revenu). Et favorise l’apparition de cercles vicieux. Dans certains pays, comme en France, les recettes fiscales ne suffisent plus, l’obligation d’emprunter s’impose pour continuer de rembourser sa dette. Cercles vicieux que l’on croyait réservé aux pays non développés.

Qui négocie cette masse énorme de dette publique ? Les grandes banques internationales, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les apporteurs d’argent liquide, c’est-à-dire les fonds de pension et les fonds mutuels. En face, se trouvent les demandeurs de capital, les Etats. Ce gros marché détermine le taux d’intérêt. Le taux d’intérêt est donc une variable essentielle qui échappe largement au contrôle des autorités publique. La pression de l’endettement des Etats fait monter les taux d’intérêt. de fait ; les taux d’intérêts réels augmentent considérablement sur la période 1970-2000, pour le plus grand bénéfice des prêteurs qui y trouvent des rémunérations stables de l’ordre de 4 ou 5 %.

En créant des obligations¸les Etats fabriquent de la liquidité : en effet quand les obligations arrivent à échéance, elles sont échangées par leurs détenteurs auprès des banques centrales contre de l’argent frais. Les banques centrales prennent alors leur commission et injectent de la liquidité. De fait, les Etats restent de grands émetteurs de monnaie, mais indirectement. Pour couvrir leur endettement, ils font circuler des obligations qui se transforment en cash. (Le rôle des Etats-Unis est évidemment essentiel. La dette nette est d’environ 2 500 milliards de dollars. L’actif des Américains vis-à-vis de l’étranger est de 10 000 milliards, le passif (les avoirs des étrangers en dollars) de 12 500. Les premiers détenteurs sont les Chinois.) Autrefois, ils actionnaient la planche à billets. A présent, ils laissent faire les banques centrales indépendantes.

D’ailleurs, plus la masse de liquidité et d’obligations en circulation est importante, et moins les banques centrales ont la possibilité de refuser de créer de l’argent. En effet, si les banques privées ne peuvent s’approvisionner en cash auprès de la Banque centrale, eh bien, elles iront directement sur ce gros marché de la liquidité et de l’épargne. Mais surtout, les banques centrales hésitent d’autant moins à approvisionner les banques privées en cash qu’elles n’ont plus peur de l’inflation : le taux de chômage est tellement élevé dans les pays riches que les salaires ne bougent pas. La masse salariale a plutôt tendance à rester stable, voire à se réduire. Le pouvoir d’achat des fonctionnaires diminue. Celui des salariés stagne. Il n’y a plus de risque à injecter de la liquidité dans les économies. L’argent ainsi injecté ne sert à rien : il ne crée ni emploi, ni investissement, ni surcroît de consommation. C’est le phénomène de la trappe à liquidité, merveilleusement analysé par Keynes, selon lequel toute monnaie nouvelle arrivant dans l’économie est thésaurisée dans l’attente de jours meilleurs (et de taux d’intérêt plus élevé). Typiquement, le Japon fut dans une situation de « trappe de liquidité » pendant dix ans : malgré les injections massives de liquidité effectuées par la Banque centrale, rien ne changeait, cet argent servait à alimenter une bulle financière et immobilière : l’inflation du prix des produits, qui avait disparu, était remplacée par une inflation du prix des biens capitaux, actions et immeubles.

Bernard Marris. Antimanuel d'économie. Tome 2.

27 novembre 2010

je crois entendre encore - Les Pêcheurs de perles (Bizet)


Bizet -Je crois entendre encore -Les Pecheurs de perles
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Le réveil français


Jamais la France n’a connu semblables manifestations depuis quarante ans. La personnalité de M. Nicolas Sarkozy, son arrogance, son souci d’écraser l’« adversaire » ont permis que se rassemble contre lui un très large front. Mais la houle et les foules ne sont pas enfantées par les foucades d’un homme. Elles répondent à un choix de civilisation injuste opéré, au prétexte de la crise financière, par des gouvernements européens dont la palette partisane va de la droite décomplexée à la gauche qui capitule. En Italie, M. Silvio Berlusconi ne fait ni davantage ni pire que les socialistes Georges Papandréou en Grèce ou José Luis Zapatero en Espagne. Tous mettent en danger les services publics et la sécurité sociale. Tous, pour complaire à des agences de notation, prétendent faire payer aux salariés ce qu’a coûté au pays le saccage perpétré par les banques. Lesquelles continuent de se repaître, préservées de toute obligation de se montrer « courageuses » et solidaires des générations à venir.

Ce n’est pas « la rue » qui s’ébranle, c’est le peuple français qui remonte en scène. Aucune légitimité des gouvernants ne saurait être opposée à sa protestation. L’Assemblée nationale a été élue dans la foulée d’une campagne présidentielle au cours de laquelle M. Sarkozy a dissimulé ses intentions relatives à une réforme des pensions, présentée après coup comme le « marqueur » de son quinquennat. « Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer », proclamait-il quatre mois avant d’être élu. Un an plus tard, évoquant l’éventuel report de ce droit, le nouveau président de la République insista : « Je ne le ferai pas (...). Ce n’est pas un engagement que j’ai pris devant les Français. Je n’ai donc pas de mandat pour faire cela. Et ça compte, vous savez, pour moi. » Déjà gouvernés par un traité constitutionnel européen qu’ils ont rejeté massivement par référendum et que les élus de droite (épaulés par quelques socialistes) ont alors imposé par voie parlementaire, les Français manifestent également contre l’autoritarisme méprisant du pouvoir.

Les jeunes ont compris ce qui les attend. A mesure que le capitalisme enchaîne les crises, il durcit sa logique. Pour qu’il tienne, la société doit craquer davantage : évaluations permanentes, concurrence entre les salariés, fatigue au travail (lire « “Métro, boulot, tombeau” »). La dernière mouture du rapport Attali recommande désormais le gel du salaire des fonctionnaires jusqu’en 2013, le transfert sur les malades d’une partie de la charge financière des affections de longue durée (cancer, diabète), le relèvement du taux de la TVA ; le tout bien sûr en conservant le « bouclier fiscal ». « Nous avons devant nous dix ans de rigueur », a promis avec gourmandise l’ancien conseiller spécial de François Mitterrand, qu’à coup sûr la rigueur épargnera.

Le 7 octobre dernier, un manifestant lycéen expliqua le sens de son combat : « Au début, on a la formation : c’est l’école. Après on travaille : c’est le plus dur. Et après, la retraite : la récompense. Si on nous enlève la récompense, qu’est-ce qui nous reste ? » Les libéraux ironisent sur ces jeunes étrangement soucieux de leur retraite. Ils ne mesurent pas qu’une telle angoisse vaut réquisitoire des politiques qu’ils ont conduites depuis trente ans, et qui débouchent sur cet avenir sans espoir. Les cortèges et les grèves constituent le meilleur moyen d’inverser un tel destin.

Serge Halimi. Le Monde diplomatique (octobre)

14 novembre 2010

La saga des frères Sarkosy



On parle beaucoup de conflits d’intérêts dans la vie politique ces derniers temps. Des amitiés de Nicolas Sarkozy avec le milieu de la finance et des médias, de l’affaire Woerth-Bettencourt aux récentes révélations du livre de Martin Hirsch, mais les journalistes "officiels" oublient aussi d’autres évidences. Alors que le déficit prévisionnel de la Sécurité Sociale a été annoncé cette semaine et qu’une diminution des remboursements est d’ores et déjà au programme, il est temps de se pencher sur le secteur de la santé, de comprendre son fonctionnement, et surtout d’en connaître les acteurs.
Le Pôle Emploi, né de la fusion de l’ANPE et de l’ASSEDIC sur une idée de Nicolas Sarkozy, compte 50.000 employés. La Sécurité Sociale, comprenant l’Assurance Maladie, l’Assurance Vieillesse et les URSSAF compte 120.000 employés. Ces deux organismes ont été concernés par une réforme récente concernant les Complémentaires Santé. Ainsi, depuis le 1er janvier 2009, 170.000 employés ont été contraints de résilier leurs contrats avec leurs mutuelles pour adhérer à une "mutuelle employeur obligatoire". Ceux qui ont des enfants ont également été obligés d’inscrire ces derniers sur le nouveau contrat (sauf s’ils étaient déjà ayant-droits sur le compte du conjoint via une mutuelle employeur obligatoire). On peut appeler ça du passage en force. C’est une conséquence de la loi Fillon de 2003.
Ce qui est encore plus étonnant, c’est de constater que c’est le même organisme qui a remporté les deux marchés. Je ne connais pas les modalités des appels d’offre mais je m’étonne de voir que c’est le groupe Malakoff-Médéric qui a raflé la mise, obtenant d’un coup, d’un seul, 170.000 adhérents supplémentaires, sans compter les ayant-droits. Ajoutez à cela les 800.000 salariés CHR (café-hôtellerie-restauration) qui rentreront dans le dispositif en janvier 2011… c’est encore Malakoff Médéric qui a emporté le marché. Revenons donc sur l’histoire de cette compagnie d’assurance et de prévoyance pour comprendre un peu mieux les enjeux.
Pour vous donner une idée du poids de Malakoff-Médéric sur le marché français, c’est le n°1 des groupes paritaires de protection sociale, n°2 de la retrait e complémentaire et n°3 en santé collective (classement Argus de l’Assurance). Le groupe est né de la fusion de Malakoff et Médéric (d’où son nom) le 30 juin 2008, soit 6 mois avant la mise en place du dispositif "mutuelle obligatoire employeur" pour la Sécurité Sociale et le Pôle Emploi. Ainsi, dès le 1er Juillet, le président de Médéric cède sa place pour laisser seul au commande du groupe, le président de Malakoff : un certain Guillaume Sarkozy. Ce dernier est loin d’être un inconnu : au Medef de 2000 à 2006, il a aussi été le vice-président de la CNAM de 2004 à 2005. Guillaume Sarkozy, comme son nom l’indique, est le frère de Nicolas.
Puisque j’évoque la fratrie Sarkozy, intéressons-nous maintenant au troisième larron : François Sarkozy. Pédiatre de formation, François a abandonné la pratique de la médecine pour se consacrer à l’industrie pharmaceutique (principalement orientée vers la gériatrie) depuis 2001. Ainsi, il siège au conseil de surveillance de Bio Alliance Pharma et est devenu le président d’AEC Partners dont une des missions est le conseil aux fonds d’investissement.

Par ailleurs, François Sarkozy a également lancé une chaîne de télévision spécialisée dans la santé sur internet… financée par le laboratoire Sanofi. Ajoutons à cela ses relations avec le groupe Paris Biotech Santé, l’un des protagonistes de l’affaire de l’Arche de Zoé, et on l’aura compris, l’homme a tissé sa toile : il fait partie aujourd’hui des puissants lobbyistes de l’industrie pharmaceutique. D’ailleurs le grand plan Alzheimer lancé par le gouvernement est un joli cadeau de quelques centaines de millions d’euros, une aubaine pour le secteur dont il défend les intérêts.

Et maintenant la cerise sur le gâteau, celui dont on ne parle jamais, le cerveau, l’éminence grise : Olivier Sarkozy (demi-frère de Nicolas Sarkozy), qui copilote depuis avril 2008 l’activité mondiale de services financiers de Carlyle Group, probablement celui qui tire les ficelles. Le Groupe Carlyle est une société d’investissement américaine fondée en 1987. Basé à Washington D.C., il est présent dans de nombreux domaines d’activités, comme l’aéronautique, la défense, l’industrie automobile et des transports, l’énergie, les télécommunications et les médias. Ses investissements sont essentiellement situés en Amérique du Nord, en Europe et en Asie du Sud-Est. Le groupe possède 89,3 milliards de dollars de capitaux propres et il emploie plus de 515 professionnels de l’investissement dans 21 pays. Les différentes entreprises de son portefeuille emploient, quant à elles, plus de 286.000 personnes dans le monde et Carlyle a environ 1 100 investisseurs répartis dans 31 pays à travers le monde.

Pour rappel, le groupe Carlyle a ou a eu parmi ses membres actifs l’ancien Premier ministre britannique John Major, James Baker, ancien secrétaire d’État américain, George Bush père, ancien directeur de la CIA et ancien président des États-Unis, Frank Carlucci, ancien directeur de la CIA et secrétaire à la Défense américain, Karl Otto Pöhl, ex-président de la Bundesbank, la famille Ben-Laden et plusieurs chef d’État et de gouvernement.

Le groupe Carlyle n’est pas coté en Bourse, et n’est donc non tenu de communiquer à la Securities and Exchange Commission (la commission américaine chargée de veiller à la régularité des opérations boursières) le nom des associés, des actionnaires, pas plus que le nombre de leurs parts respectives.

Quatre frères : Le cerveau qui copilote l’activité mondiale des services financiers d’une multinationale tentaculaire, l’un en charge de l’exécutif de la France, notre Président, l’un à la tête d’un des plus gros groupe d’assurance santé et le dernier qui sert les intérêts des laboratoires. Si ça ne s’appelle pas un conflit d’intérêt, je me demande ce que c’est… Pourtant les médias en parlent peu et préfèrent s’étendre sur les amis milliardaires de Nicolas Sarkozy. On peut légitimement nourrir des inquiétudes sur l’avenir de notre pays. Les réformes engagées depuis 2004 ne font que confirmer sa détérioration et l’on peut prédire le démantèlement de toutes nos structures sociales et services publiques d’ici quelques années.

Mercredi 3 Novembre 2010 Source :
http://www.zinfos974.com

13 octobre 2010

des milliards d'euros y en a !


Le edef se plaint du taux d'impôt sur les bénéfices de 33 % en France. Mais se garde bien de mentionner tous les autres avantages fiscaux dont profitent les entreprises, comme les amortissements dégressifs ou la déduction fiscale des intérêts d'emprunts…

On trouve des choses intéressantes, voire très intéressantes, dans les annexes du dernier rapport du « Conseil des prélèvements obligatoires » − un organisme supervisé par la Cour des Comptes −, intitulé « Entreprises et niches fiscales et sociales »[1]. D'abord, une information, déjà publiée dans Alternatives Economiques pour les années antérieures, et qui indique quel est le montant effectif de l'impôt sur les bénéfices payé par les sociétés du CAC 40. Théoriquement, ce taux devrait être de 33 % : en 2009, il était inférieur à 25 % dans 15 cas (dont 2 seulement justifiés par un résultat net négatif), tout comme en 2008 et à peine moins qu'en 2007 (16 cas), alors que les résultats cumulés de ces entreprises atteignent ou dépassent désormais les 100 milliards d'euros. Augmenter de quelques points le prélèvement fiscal effectif permettrait − sans rien changer au taux normal de 33 % − de récupérer quelques milliards d'euros. Le rapport suggère plusieurs pistes à cet égard, notamment celle consistant à supprimer la déduction fiscale de 5 % sur les dividendes reçus par une maison mère en provenance de ses filiales, instaurée soi-disant pour compenser le coût de gestion de ces dividendes, et qui réduit les rentrées fiscales d'environ 1,5 milliard chaque année.

On apprend par ailleurs que le régime des « amortissements dégressifs » représente un peu plus de 5 milliards d'euros. Ce régime permet à une entreprise qui investit de majorer le montant de ses amortissements d'un certain pourcentage (de 75 % à 175 %, selon la durée légale d'amortissement pour les immobilisations concernées), de manière à amortir plus vite les dépenses d'équipement auxquelles elle a procédé. Les amortissements étant considérés comme une charge, leur montant est déductible du résultat, ce qui permet une réduction d'impôts sur les bénéfices d'un tiers de la majoration autorisée. Certes, ce qu'une entreprise économise une année se traduira par moins de charges, donc plus d'impôts, les années suivantes car, bien évidemment, on ne peut amortir plus que le coût de l'équipement. Mais si l'entreprise utilise la diminution d'impôts pour financer un surplus d'investissements amortissables l'année suivante, elle peut ainsi financer ce surplus en partie grâce aux économies d'impôts et ainsi pérenniser l'avantage fiscal. Le dispositif a été conçu justement pour inciter les entreprises à investir.

Le calcul est facile à effectuer. Supposons que le coefficient moyen de majoration soit de 100 % : cela signifie que, en l'absence d'amortissement dégressif, les entreprises auraient affiché un résultat fiscal supérieur de 2,6 milliards d'euros, donc auraient dû payer près de 900 millions d'impôts en plus. Mais ce n'est pas le plus intéressant. On apprend que, en Allemagne, la réduction du taux d'imposition des bénéfices des sociétés (passé à 25 % en 2007) avait des contreparties, notamment la suppression du système des amortissements dégressifs, ce que le patronat français, qui met en avant la baisse du taux d'imposition allemand, se garde bien de dire. A l'heure où il est question d'aligner le système fiscal français sur l'allemand, voilà une idée dont on aimerait qu'elle soit reprise.

Mais le bouquet concerne les intérêts d'emprunts : considérés comme des charges, ils viennent en déduction du résultat final, donc réduisent d'autant le montant de l'impôt sur les bénéfices. Dès lors, une entreprise a intérêt à s'endetter plutôt qu'à réinvestir ses bénéfices pour financer des investissements ou l'acquisition d'une autre entreprise : elle paye certes le coût de l'emprunt, mais déduisant celui-ci de ses bénéfices, un tiers de leur montant est économisé. Ce qui explique la politique des grandes entreprises cotées en Bourse qui préfèrent distribuer en dividendes la quasi-totalité de leurs bénéfices après impôts et s'endetter pour financer leurs investissements.

Or, dans certains pays (Italie, Allemagne), cette déductibilité a été plafonnée : en Allemagne, ce fut une autre contrepartie de la baisse de l'impôt sur les bénéfices des sociétés (en plus de la suppression de l'amortissement dégressif indiqué plus haut). L'annexe du rapport sur « les modalités dérogatoires de l'imposition des entreprises soumises à l'impôt sur les sociétés » indique que, si la solution allemande avait été appliquée en France, elle aurait permis de majorer de… 11 milliards d'euros en 2008 le montant des recettes fiscales. Sans compter que, en sollicitant davantage l'autofinancement, cette solution aurait sans doute permis d'améliorer la solidité des entreprises concernées en réduisant leur endettement.

Il ne s'agit pas d'assommer les entreprises, mais d'instaurer des règles qui mettent fin à des avantages injustifiés dont on ne parle jamais. En cela, le rapport du Conseil des prélèvements obligatoires est très utile.

Denis Clerc | Article Web - 08 octobre 2010/ Alternatives économiques

3 octobre 2010

Le Siècle

Sans vouloir crier au complot, je constate simplement l'étonnante composition de ce cercle de pensée, que certains disent très influent. Inquiétant ou amusant ? Les élites qui se déchirent parfois à la télé, aiment à discuter ensemble autour d'un verre en dehors des heures de boulot. On peut au moins trouver très rigolo cet embrouillamini de noms.(Al Index)

Le Siècle est un club, fondé en 1944 par Georges Bérard-Quélin[1], réunissant des membres influents de la « classe dirigeante » française. On y retrouve des hauts fonctionnaires, des chefs d'entreprises, des hommes politiques de droite ou de gauche, des syndicalistes, ou encore des représentants du monde de l'édition et des médias de premier plan. En 2005, le Siècle comptait 580 membres et 160 « invités » qui attendaient une décision sur leur demande d'admission[1].

Chaque dernier mercredi du mois les membres du Siècle se réunissent à l'Automobile Club de France, place de la Concorde à Paris.

Présidents du club

Quelques membres du Siècle

Autre source 2008

L'article de publication la plus récente, dans La République des Lettres de janvier 2008, cite comme membres du Siècle :

source Wikipédia

17 août 2010

La justice française extrade le journaliste-militant basque Jon Telleria


Paris extrade le militant basque Jon Telleria vers l'Espagne

La justice française a extradé jeudi vers l'Espagne le journaliste et militant basque Jon Telleria. Madrid le soupçonne d'être un dirigeant de la plateforme de jeunesse indépendantiste Segi, autorisée en France mais interdite depuis trois ans dans le royaume ibérique. Il risque douze ans de prison pour des activités uniquement politiques.

Jon Telleria travaille à Info Zazpi, radio d'information trilingue basée à Urrugne, petit village du Pays basque français à coté de Saint-Jean-de-Luz où il réside.

Jeudi, cet homme d'une trentaine d'années, sous la menace d'un mandat européen lancé par Madrid, a été arrêté chez lui par la police française et remis directement à la police espagnole. Le matin même, la cour d'appel de Pau donnait raison à la justice espagnole et rejetait le recours de Jon Telleria qui demandait l'annulation de son extradition.

La justice ibérique ne poursuit pas Telleria pour un attentat, ni pour détention d'armes, encore moins pour « complot de malfaiteurs ». Le militant a été extradé à la demande du juge de l'audience nationale espagnole Fernando Grande-Marlaska car ce dernier suspecte Telleria d'être un dirigeant de la plateforme politique indépendantiste Segi.

Autorisée en France, Segi est interdite en Espagne depuis janvier 2007 pour des liens supposés avec le parti politique Batasuna, lui même déclaré illégal en 2003 car suspecté d'être la vitrine politique de l'organisation armée ETA.
En mai, Paris extrade trois membres présumé de Segi

La justice espagnole reproche à Jon Telleria de faire de la politique : il a participé à des réunions politiques et à des conférences de presse, et tout particulièrement, en avril 2009, à la « Gazte martxa », une marche indépendantiste qui s'est tenue à Saint-Jean-Pied-de-Port sur le territoire français.

Bien que la nature des faits paraisse banale, en Espagne, l'appartenance à Segi est assimilée à du terrorisme et, comme une quarantaine de jeunes détenus par les autorités espagnoles depuis 2009, Telleria risque de passer douze ans à l'ombre des murs d'une prison ibérique.

Or, si la condamnation encourue est disproportionnée, l'extradition de Telleria n'est pourtant pas un cas unique et ne semble d'ailleurs pas préoccuper les autorités judiciaires françaises. En mai, Paris a déjà renvoyé vers le royaume ibérique trois militants basques de nationalité espagnole suspectés aussi d'appartenir à Segi : Asier Colona, Gaizka Likara et Carlos Renedo.
Londres et Rome contre l'extradition de militants basques

« La position de la France dans ce dossier est d'autant plus scandaleuse que la Grande-Bretagne et l'Italie n'ont pas donné suite à des demande analogues d'extradition », explique Txomin Catalogne, un jeune Basque français, dirigeant de Segi.

Hasard du calendrier, le jour de l'arrestation de Jon Telleria, les autorités britanniques ont refusé l'extradition du Basque Garikoitz Ibarlucea Murua, jugeant « disproportionnée » la condamnation encourue par ce jeune militant en Espagne.

Ces dernières semaines, les autorités italiennes ont également refusé la demande d'extradition de trois jeunes Basques espagnols, estimant, de leur coté, qu'à part leur appartenance à Segi, aucun délit ne leur était reproché dans le dossier fourni par la justice espagnole.

En juin 2010, Fermin Martinez, Artzai Santesteban et Zurine Gogenola avaient été interpellés à Rome alors qu'ils allaient tenir une conférence de presse devant le parlement italien, au moment même où le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero rencontrait son homologue italien Silvio Berlusconi.
« Assimiler Segi à ETA tient de l'acharnement »

« Aujourd'hui, assimiler le groupe politique Segi à ETA tient de l'acharnement de la part du gouvernement espagnol et rentre dans une stratégie populiste permanente », explique Txomin Catalogne.

La plateforme de jeunes indépendantistes se contente de coller des affiches, d'organiser des manifestations et des concerts à caractère politique.

Autre élément important : ETA n'a pas commis un attentat depuis plus d'un an, épuisé militairement et discrédité politiquement dans le camp même de la gauche indépendantiste basque. Pour les experts de la question, la fin de l'organisation armée semble proche.

Voilà pourquoi, dans la gauche basque indépendantiste, on comprend d'autant moins cette logique de répression accrue au sein de la jeunesse militante.

Par Jean Sébastien Mora / Journaliste/Rue89/13 août 2010

tableau de Carlos Pradal, Ignacia courant

9 août 2010

casse toi pauv'con


Brusquée par l'opinion, Sa Majesté eut des vertiges. On lui reprochait encore d'avoir insulté vertement un malotru; son "casse-toi, pauv'con!" n'en finissait point de lui revenir en boomerang. Tout semblait bon pour l'exaspérer. Quelques hostiles avaient fouillé les archives pour ressusciter les répliques brûlantes des prédécesseurs de Sa Majesté en de semblables circonstances. Lorsque le roi Chirac se fit traiter de connard par un excédé, il lui tendit la main : "Enchanté! moi c'est Jacques Chirac;" Autre repartie qui cinglait, celle du roi Mitterrand; un homme braillait "Mitterrand, fous l'camp!"; se tournant, le roi ne lâcha que deux mots en forme de commentaire : "Rime pauvre". Notre Fureux Leader n'avait pas davantage la classe que la cote, aussi s'emportait-il souvent à huis clos : "Y m'trouvent vulgaire, hein, c'est ça? Comme je suis pas riche, j'aurais pas l'droit au luxe et aux grosses montres ? ça les dérange, avec leurs châteaux hérités, leurs hôtels particuliers et leur magot bien planqué!" Disant cela, Le Prince ne se rendait pas compte qu'il traçait le portrait de Madame, laquelle avait hérité, possédait de l'argent et des biens de famille, mais il ne s'agissait pas de le lui faire remarquer sinon i lvous fusillait, d'abord du regard.

(...)

La fin de cet été d'agitation fut désolante et le ciel se couvrit de nuages de grêle. On eût dit que la nature se vengeait de la suffisance des hommes. Les cyclones se levèrent en série, les tempêtes tropicales secouèrent les palmiers, la boue coulait des pentes sottement déboisées; l'Inde, Haïti, le Vietnam et la Grande Bretagne furent inondés, des récoltes dévastées, puis vint le choléra. La rouille noire du blé se propagea de l'Ouganda jusqu'en Iran et au Yémen, et il y eut une alerte car elle menaçait l'Est tout entier; ce champignon tueur avait naguère servi d'arme biologique aux Américains, qui s'en servaient contre les Russes, mais désormais bien vivace il se propageait seul et suivait les vents dominants. Les abeilles mouraient par centaines de milliers, les cultures sans pollen dépérissaient ; on s'en soucia en s'apercevant que leur diminution nous avait déjà fait perdre cent cinquante-trois milliards d'euros. Les matières premières se mirent à flamber. Il y eut des émeutes de la faim puisque le blé, le soja et le riz devenaient rares. Un vent de pestilence se levait autour de la planète. On disait qu'un bébé américain, en naissant, devait déjà cinquante-quatre mille dollars à son banquier. Pauvre petit, pauvres de nous, pauvres cons.

Patrick RAMBAUD, Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier.

6 août 2010

Edward Burtynsky










le règne de Nicolas Ier


Affirmer son arrogance ne gênait pas Sa Majesté, ni même revenir brutalement sur d'anciennes promesses. Ainsi, Notre Monarque Electif avait été choisi parce qu'il affirmait être le seul à pouvoir augmenter le niveau de la vie, dès qu'il serait assis sur son trône, or, ce jour-là, sur un air d'évidence, il avoua avec désinvolture :"Qu'attendez-vous de moi , Que je vide des caisses déjà vides ?" Il n'ajouta point qu'il avait contribué à assécher ce qui restait du Trésor par ses gaspillages. Notre Confondant Leader entendait dompter les chiffres comme les hommes. Qu'entendait-il ? Que la croissance décroissait ? Que les chiffres en attestaient? "Eh bien, disait-il, changeons ces mauvais chiffres en bons chiffres." Aussitôt, Sa Majesté sa sachant entourée d'incapables choisis d'abord pout leur servilité, confia une mission à deux experts internationaux, un Hindou et un Américain, afin qu'ils inventassent un nouvel instrument à mesurer la croissance. Ainsi, pour ne pas avoir l'air de prendre du poids, certains truquaient-ils leur balance.

Cependant, après huit mois de règne, les inégalités augmentaient, les modestes devenaient pauvres et les pauvres maigrissaient, mais peu importait aux yeux de Notre Prince Intrépide qui ne fit jamais un geste pour soulager les dépossédés, les délaissés, les sans-logis et les sans-pain; il préférait sangloter sur les malheurs du bout du monde, et un coup de grisou en Chine l'émouvait bien autrement que la mort d'une clocharde à cent mètres du Château. Quand un audacieux osait rapporter quelques plaintes du peuple, Sa Majesté rugissait : "Ces feignasses ont qu'à travailler plus!"Et les courtisans d'entonner le fameux hymne des heures supplémentaires, affirmant que cinq millions de sujets y avaient eu recours, sans qu'on sût d'où venait ce calcul, alors que des économistes révélaient qu'elles ne rapportèrent pas plus de vingt euros par mois aux chanceux qui purent en user. Notre Valeureux Prince décréta que limiter le temps de travail était une hérésie, que l'homme était né pour trimer depuis qu'il fut chassé du Paradis terrestre, quitte à périr d'une crise cardiaque et laisser ainsi sa place à d'autres galériens puisque le navire devait avancer coûte que coûte, qu'on devrait travailler trente-cinq heures par jour, que les règlements paresseux, mis en vigueur du temps que le Parti social gouvernait, il les jetterait au feu, que les patrons et leurs employés devaient s'accorder sur un nombre sans limites de ces heures en surcroît, et Notre Leaider Inspiré improvisa là-dessus une loi qui figurait déjà dans le Code du travail à l'article L.212-6. Brassant de l'air, concoctant des lois comme un paon étale ses plumes, Notre Grand Actif espérait consolider sa réputation de faiseur; sa devise revenait sans relâche pour le justifier : "Les Français, y m'ont pas élu pour que j'me tourne les pouces!"
Patrick RAMBAUD, Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier.

24 juin 2010

Guillon prend le Porte et s'en Val sans Hess cause.


ça y est. Enfin l'humour a disparu de France Inter. Après les chaines de télé, voilà une autre radio qui va devenir sinistre. Les humoristes Guillon et Porte partis, il ne reste plus qu'à s'attaquer à ceux qui ne pensent pas néolibéralisme à tout bout de champ. Daniel Mermet gare à toi !

20 juin 2010


Quels seront les effets du report de 65 à 67 ans de l'âge de départ à la retraite à taux plein ?

Il pénalise tous ceux qui n'ont pas de carrière complète, à commencer par les femmes et tous ceux, de plus en plus nombreux, qui ont eu des carrières accidentées. En pratique, une bonne part de ces personnes seront trop fatiguées pour travailler jusqu'à 67 ans et subiront donc une réduction sévère du montant de leur pension.

Cette réforme ne consiste-t-elle pas simplement à aligner l'âge de départ à la retraite sur celui de nos voisins européens ?

Ce n'est pas si simple. Certes, la plupart de nos voisins ont décidé de repousser l'âge de la retraite, mais à un rythme généralement deux à quatre fois plus lent. Au Royaume-Uni, par exemple, il est envisagé de travailler jusqu'à 68 ans, mais en… 2046. Il faut savoir, en outre, que la France deviendrait le seul pays à imposer conjointement un report de l'âge légal de départ, un report de l'âge où le taux plein est de droit, et un allongement de la durée de cotisation exigée. Ce qui fera du système français un des plus durs d'Europe. Les durées de cotisations exigées chez nos voisins sont dans l'ensemble plus réduites : ainsi, en Allemagne, on peut aujourd'hui partir avec une retraite à taux plein à 63 ans avec 35 ans de cotisations seulement ! Et nombre de pays reconnaissent bien plus généreusement l'invalidité des salariés âgés à l'approche de la retraite : alors que seuls 3,9 % des seniors sont dans ce cas en France, ils sont 12,9 % aux Pays-Bas et 15,8 % au Danemark, deux pays pas vraiment réputés pour la dureté de leurs conditions de travail, en comparaison de celles observées en France !

Quel est l'objectif réel du gouvernement ?

Le gouvernement a voulu témoigner de sa volonté de rééquilibrer rapidement les comptes sociaux, dans un moment où, du fait de la crise, le crédit de la France est menacé. Il aurait pu atteindre le même résultat en augmentant temporairement les prélèvements sur les plus aisés pour rétablir l'équilibre des comptes publics. Il a choisi au contraire de réduire les droits des moins favorisés sans résoudre pour autant l'équilibre à long terme des régimes de retraite.

Philippe Frémeaux | Article Web - 18 juin 2010/ Alternatives Économiques