(...)
La fin de cet été d'agitation fut désolante et le ciel se couvrit de nuages de grêle. On eût dit que la nature se vengeait de la suffisance des hommes. Les cyclones se levèrent en série, les tempêtes tropicales secouèrent les palmiers, la boue coulait des pentes sottement déboisées; l'Inde, Haïti, le Vietnam et la Grande Bretagne furent inondés, des récoltes dévastées, puis vint le choléra. La rouille noire du blé se propagea de l'Ouganda jusqu'en Iran et au Yémen, et il y eut une alerte car elle menaçait l'Est tout entier; ce champignon tueur avait naguère servi d'arme biologique aux Américains, qui s'en servaient contre les Russes, mais désormais bien vivace il se propageait seul et suivait les vents dominants. Les abeilles mouraient par centaines de milliers, les cultures sans pollen dépérissaient ; on s'en soucia en s'apercevant que leur diminution nous avait déjà fait perdre cent cinquante-trois milliards d'euros. Les matières premières se mirent à flamber. Il y eut des émeutes de la faim puisque le blé, le soja et le riz devenaient rares. Un vent de pestilence se levait autour de la planète. On disait qu'un bébé américain, en naissant, devait déjà cinquante-quatre mille dollars à son banquier. Pauvre petit, pauvres de nous, pauvres cons.
Patrick RAMBAUD, Deuxième chronique du règne de Nicolas Ier.
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