14 février 2010

La loi de Say


Say a proposé une loi de l'équilibre automatique, que l'on peut résumer ainsi : "L'offre crée sa propose demande." Si offre il y a, demande exactement compensatoire il y aura, donc équilibre et harmonie. La loi de Say est un principe redoutable de bon sens, et extrêmement puissant. Je fabrique des voitures; Donc je paie des salaires à de la main-d'œuvre.Cette main d'œuvre achète du pain et des voitures. or les offreurs de pain aussi payent des salariés qui achètent du pain et des voitures. Vu du côté travail, la loi dit : j'offre mon travail, donc je rencontrer des demandeurs de travail pour faire du pain et des voitures. Au bout du compte, sur tous les marchés, pain, voitures et travail, les offreurs rencontreront des demandeurs. la loi de Say décrit l'équilibre général de Walras ainsi qu'un bouclage fondamental du circuit économique : si je fournis des voitures, il faut que je les vende, sinon la crise, la faillite me guettent. Si je paye les salariés, ils achèteront mes voitures. offre, demande. John Ford ne disait pas autre chose avec sa maxime : "je paye cher mes salariés, pour qu'ils achètent mes t-4, de la couleur de leur choix, à condition qu'elle soit noire". Il décrivait l'équilibre sain d'une économie : une offre doit être écoulée, une demande doit être satisfaite.
Keynes a écrit son œuvre majeure (la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, 1936) pour se battre contre la loi de Say. il disait : regardez, il y a du chômage, c'est que la loi de Say ne fonctionne pas. A cela, Say et ses épigones ont une réponse imparable : laissez faire, elle fonctionnera tôt ou tard. Tôt ou tard. Les chômeurs seront demandés par d'autres entreprises. Parce que les salires vont baisser, donc la main d'œuvre sera bon marché, donc etc. Et si les salaires ne baissent pas, c'est qu'il y a des entraves à la fluidité du marché du trvail, des mafias syndicales, des salaires minima, des interdictions de licenciements, de liberté de circulation de la main d'oeuvre entre les pays. Laissez faire, laissez passer, et tôt ou tard, vous verrez ce que vous verrez. Keynes répondant : "Tôt ou tard, je serai mort." Dans le long terme nous serons tous morts.
La loi de Say fonctionne particulièrement bien pour le crédit. J'emprunte, donc tôt ou tard je rembourserai. Offre égale demande. Équilibre. Tout crédit est suivi d'un remboursement. Oui, mais si entre-temps l'emprunteur est mort, si le crédit se transmet de génération en génération comme dans les pays d'usure... Chut. Tôt ou tard.
Que peut-on dire contre la loi de Say ? Rien. Si vous dites, oui, mais le chômage ... on vous répond aussitôt : marché du travail pas assez fluide, flexible, rigidités sociales qui empêchent l'équilibre. Dégraissez-moi tout ça, supprimez la loi, sociale ou autre, et vous allez voir ce que vous allez voir. C'est exactement ce que disaient les communistes : ça ne marche pas ? C'est parce qu'il n'y a pas assez de communisme! Trop de résistance de la réalité au mythe! C'est ça, le libéralisme : adapter la réalité au mythe. Comme le mythe ne peut avoir tord, c'est la réalité qui a tort. Un jour, Maurice Allais se moqua d'un prix Nobel d'économie dont on taora ole nom, en lui faisant un test qui déontrait qu'en situation d'incertitude les agents économiques étaient irrationnels. Que répondit-il ,"C'est pas la théorie qui est fausse, c'est la réalité.
Bernard MARIS, L'Antimanuel d'Économie, Editions Bréal.

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